mardi 15 septembre 2015

Chapitre 8 - Le temps des paléonthologues

1 -  Le Très Ancien Paléolithique ou Paléolithique archaïque 
(2 000 000 à 600 000 ans BP)

C'est une subdivision du Paléolithique correspondant aux débuts de cette période. Cette notion ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique, la plupart des préhistoriens préférant une subdivision tripartite du Paléolithique en Paléolithique inférieur, moyen et supérieur1. Certains auteurs réservent la notion de Paléolithique archaïque au continent africain2.
Pour Eugène Bonifay, « le Très Ancien Paléolithique correspond à la phase la plus ancienne de l'outillage préhistorique. À côté d'un outillage sur éclats très primitif on trouve des outils sur galets ("galets aménagés") ainsi que de rares bifaces très archaïques, ces deux types étant des poly-outils (outils à usages multiples). En Europe sud-occidentale, le Très Ancien Paléolithique existe depuis les origines (probablement plus de 2 millions d'années) jusque vers 600 000 ans avant le présent (…) »3. Une telle ancienneté du peuplement européen est toutefois très contestée4.


2 - Le Paléolithique inférieur 
( 2 500 000 à 300 000 ans BP)

est la première période de la Préhistoire, marquée par l'apparition de l'Homme en Afrique. Selon les points de vue et les critères retenus, elle débute entre 3 et 2,5 millions d'années avant le présent (ou 2,5 Ma BP). Elle se termine il y a environ 300 000 ans, lorsque des changements au niveau de l'outillage et de l'évolution humaine annoncent le début du Paléolithique moyen. Les industries lithiques associées au Paléolithique inférieur sont l'Oldowayen et l'Acheuléen. Dans le cas de l'Europe, le Chelléen et l'Abbevillien sont des subdivisions du Paléolithique inférieur qui ont tendance à tomber en désuétude.
Certains auteurs, minoritaires, distinguent un Très Ancien Paléolithique ou Paléolithique archaïque correspondant au début de cette période.

Le Paléolithique inférieur en Afrique

Les principales découvertes concernant les débuts de l’aventure humaine ont pour cadre le continent africain, et tout particulièrement l’Afrique orientale et australe. C’est de ces régions que proviennent les plus anciens fossiles attribués à la famille des Hominidés : parmi ces ancêtres - ou proches parents - de l’Homme on trouve les Australopithèques (dont Australopithecus afarensis et la fameuse Lucy, puis Australopithecus africanus et Paranthropus robustus) et les premiers représentants du genre humain proprement dit (Homo rudolfensis puis Homo habilis, le premier à avoir une capacité crânienne de plus de 600 cm3).
C’est de là également que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour : ils ont été découverts au Kenya, à Lomekwi 3, dans des terrains datés d’environ 3,3 Ma BP BP1. Ils supplantent en ancienneté ceux de Kada Gona en Éthiopie, datant de 2,6 Ma. Si ces premiers outils sont généralement peu élaborés, des découvertes récentes effectuées dans le site de Lokalalei au Kenya (ouest du lac Turkana), ont montré que la taille de la pierre pouvait être assez organisée et révélait une certaine habileté technique dès 2,3 Ma BP.
Après une période durant laquelle ils sont rares, les sites à outils lithiques se multiplient à partir de 1,9 Ma BP. Les sites d’Olduvai en Tanzanie ou de Koobi Fora au Kenya ont livré de nombreux vestiges de cette industrie appelée Oldowayen. Les instruments de cette époque restent très simples et comportent essentiellement des éclats et des galets taillés.
À partir de 1,6 Ma BP, toujours en Afrique, on assiste à l’apparition de nouvelles espèces d’Hominidés fossiles et d’une nouvelle industrie lithique :
  • en effet, on trouve à cette époque, aux côtés des Paranthropus robustus, les Homo ergaster puis les Homo erectus ;
  • d’autre part, on voit apparaître de nouveaux outils, plus grands et plus élaborés, tels que les bifaces, les hachereaux ou les bolas, qui caractérisent l’Acheuléen. Les sites de cette époque sont extrêmement nombreux mais on peut retenir les noms d’Olduvai (Tanzanie), Olorgesailie, Kilombe, Isenya (Kenya), Melka Kunture, Gadeb (Éthiopie).

Le Paléolithique inférieur en Europe ( - 1 Ma - 300 000 ans)

Bien que l’un de ses prédécesseurs – qui reste à définir – ait pu s’aventurer hors d’Afrique comme en témoigne les découvertes réalisées à Dmanissi (Géorgie ; - 1,7 Ma ?), c’est l’Homo erectus qui va véritablement peupler progressivement le Proche-Orient (-1,4 Ma en Palestine), l’Asie (-1 Ma / - 800 000 ans en Chine et à Java, où il a été reconnu sous le nom de Pithécanthrope) et l’Europe (- 1 Ma). Les fossiles européens de Ceprano et d’Altamura (Italie), de Mauer (Allemagne), de Tautavel (France), de Atapuerca (Espagne) ou de Petralona (Grèce) peuvent être considérés comme des Homo heidelbergensis, des Homo erectus évolués comportant déjà certains traits propres à leurs descendants directs, les Hommes de Néandertal.
Les premiers ensembles lithiques clairement identifiés en Europe comportent essentiellement des éclats et des galets ou blocs taillés, parfois associés à quelques bifaces et quelques éclats retouchés (transformés en outils plus spécialisés par de petits enlèvements sur les bords). On peut mentionner notamment les sites de Monte Poggiolo, Isernia La Pineta, Venosa-Notarchirico (Italie), Atapuerca, Orce (Espagne), Soleilhac, Abbeville et Saint-Acheul (France), qui s’échelonnent entre 1 Ma et 500 000 ans BP. Ces industries sont progressivement remplacées, peut-être lors d’une deuxième vague de peuplement, par des industries acheuléennes à bifaces et hachereaux nettement plus nombreux : on en trouve la trace, entre 500 et 300 000 ans BP, dans les sites de Torre in Pietra, Castel di Guido, Fontana Ranuccio, Venosa (Italie), de Pinedo, Aridos, Torralba, Ambrona, Atapuerca (Espagne), de Terra Amata, Tautavel, Orgnac 3, Cagny (France), de Swanscombe, Hoxne (Angleterre), de Kärlich, Schöningen, Bilzingsleben (Allemagne).

Modes de vie au Paléolithique inférieur

Les indications concernant directement la vie quotidienne sont extrêmement rares pour ces périodes reculées, du fait de la mauvaise conservation générale des vestiges en matériaux périssables. Il est le plus souvent impossible de déterminer la fonction des vestiges lithiques eux-mêmes, faute d’une bonne conservation de leurs traces d’utilisation. De plus la répartition spatiale des objets découverts lors des fouilles archéologiques correspond rarement à leur disposition originelle et il est difficile de savoir comment s’organisait l’habitat.
Mais quelquefois des découvertes exceptionnelles permettent d’entrevoir des comportements complexes : ainsi la pratique de la chasse a pu être démontrée grâce à la mise au jour d’épieux en bois travaillés, notamment à Clacton-on-Sea (Angleterre) et Schöningen (Allemagne). Même si le charognage a pu jouer un rôle important, dès cette époque les espèces chassées sont très variées, leur taille pouvant aller de celle du lapin à celle du mammouth.
Une découverte majeure de cette fin du Paléolithique ancien est la domestication du feu: elle est sans doute à mettre à l’actif d’Homo erectus et elle est attestée à partir d’environ - 400 000 ans, notamment dans les sites de Terra Amata, Menez Dregan (France), Bilzingsleben (Allemagne) ou Vértesszőlős (Hongrie).



3 - Le Paléolithique moyen 
( 300 000 à 30 000 ans BP)

C'est une période de la Préhistoire qui s’inscrit dans la continuité du Paléolithique inférieur. En Europe, il débute autour de 300 000 ans avant le présent (stade 8 de la chronologie isotopique) avec la généralisation du débitage Levallois et s’achève autour de 30 000 ans avec la disparition de l’Homme de Néandertal et l’arrivée des Humains anatomiquement modernes (Homo sapiens) venus du Proche-Orient et par la Méditérannée[réf. nécessaire]. Un métissage a très bien pu s'effectuer entre les populations Néandertaliennes et Sapiens puisqu'elles se sont côtoyées.
Cette période est marquée par l’apparition d’un ensemble de traits culturels nouveaux : elle voit par exemple se généraliser et se diversifier l’utilisation des outils retouchés (racloirs, denticulés, grattoir, ciseau de pierre, lames, lamelles, etc.).
Ces outils peuvent être réalisés en suivant deux schémas opératoires dans la taille du nucléus:
La première est le débitage, c'est-à-dire que les outils sont réalisés à partir d’éclats débités aux dépens de blocs de matière première préparés, appelés nucléus. Cette technique permet d'extraire plusieurs éclats du nucléus. Plusieurs techniques de débitage sont identifiés durant le Paléolithique moyen, notamment la technique Quina (du nom du site de Quina) une autre de ces méthodes de débitage d’éclats, identifiée dès le XIXe siècle et relativement bien connue, est la méthode Levallois .
La méthode Levallois est caractérisée par la possibilité de débiter de façon répétée des éclats dont les caractéristiques morpho-techniques ont été prédéterminées avant leur détachement par la mise en forme des nervures lors de la préparation du nucléus. Les pierres utilisées (silex, basalte, grès, calcaire)
La méthode Quina est différente dans sa manière d'appréhender le travail de la pierre. Elle était généralement utilisée pour tailler des roches de qualité moindre. Cette technique produit des éclats épais à section asymétrique. Avec un percuteur dur frappant assez loin du bord du nucléus non spécialement préparé, (contrairement au Levallois) des éclats, souvent couverts de cortex, sont détachés d'une face, puis d'une autre et ainsi de suite. Puis les éclats sont retouchés, généralement en racloir Quina dont l'épaisseur favorise la solidité. Certains éclats deviendront même des matrices de production" de petits éclats courts et épais. Ce type de débitage est présent dans le sud de la France entre 50000 et 40000 avant notre ère. cet technique était utilisé particulièrement durant les périodes de refroidissement, aussi appelées glaciations ou épisode Würmien.
Deux faits technologiques sont également répertoriés, la technique du laminaire, et la technique du ramifié.
La technique du laminaire produit, comme son nom l'indique, des lames et éclats laminaires. cette technique est présente tôt puisqu'on l'identifie dès 200000 ans avant le présent. Elle est souvent associé, à tort, à la technique Levallois. Car un nucléus Levallois ne peut pas donner des lames en série car c'est une surface qui est exploitée et qui produit énormément de déchets (éclats inutilisés) et il faudrait sans cesse remettre en forme le nucléus. Pour produire en série il faut exploiter en volume le nucléus comme ceux à lames du paléolithique supérieur.
Le débitage ramifié au Moustérien se résume ainsi : Prenez un nucléus retirez en des éclats. Ils formeront la première génération d'éclats. Puis cette première génération d'éclats sera recyclé en nucléus qui produira une seconde génération d'éclats. Cette dernière génération d'éclats sera ensuite retravaillée pour devenir de l'outillage de type microlithique.
Le deuxième schéma opératoire dans la taille d'une pierre est le façonnage c'est-à-dire la taille du nucléus en un seul outil. On procède alors par extraction de matière et ce n'est plus alors , contrairement au façonnage, les éclats qui seront utilisés mais le nucléus.
En Europe, la principale manifestation culturelle du Paléolithique moyen est le Moustérien suivi d'une courte phase, le Châtelperronien. Le principal artisan du Moustérien est l’Homo neanderthalensis, ou Homme de Néandertal. Il présentait un crâne volumineux au front fuyant, au torus sus-orbitaire marqué, et au menton pratiquement absent. Ces caractéristiques nous sont connues notamment grâce aux découvertes d’ossements fossiles de Saccopastore, de la Grotte Guattari sur le Mont Circé (Italie), de Gibraltar au Sud de la péninsule ibérique, de la Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina (France), de Spy (Belgique) et bien sûr de Néandertal (Allemagne).
Si les premières descriptions ont voulu faire de cet homme une brute dépourvue de toute faculté intellectuelle, la multiplication des découvertes permet aujourd’hui de dresser un tout autre portrait du Néandertalien.

4 - Le Paléolithique supérieur, parfois également appelé Paléolithique récent1
( 45 000 à 10 000 ans BP)

C' est la période de la Préhistoire qui est caractérisée par l’arrivée de l’Homme anatomiquement moderne en Europe, le développement de certaines techniques (lames, outils et armes en matières dures animales, propulseur, etc.) et l'explosion de l'art préhistorique. Il se situe entre 45 000 et 10 000 ans avant le présent et correspond à la fin de la Dernière période glaciaire.

Il est précédé par le Paléolithique moyen et est suivi de l'Épipaléolithique (ou Paléolithique final).


5 - L'Épipaléolithique 
( 12 500 BP)

C'est une phase de la Préhistoire récente, succédant au Paléolithique supérieur il y a environ 12 500 ans et précédant le Mésolithique.
Sa définition est complexe et fait intervenir des éléments chronologiques, climatiques, environnementaux, sociaux et techniques. L'Épipaléolithique est marqué par la fin des temps glaciaires et un radoucissement généralisé, accompagné en Europe d'un important développement du couvert forestier et donc d'une modification des faunes (disparition des espèces grégaires de milieu ouvert, en particulier du renne, et développement des espèces forestières, notamment le cerf ou le sanglier).
Le mode de vie des groupes humains de l'Épipaléolithique s'inscrit dans la continuité de ceux du Paléolithique et leur économie est toujours celle de groupes de chasseurs-cueilleurs. Toutefois, les changements environnementaux vont induire un certain nombre d'adaptations techniques (généralisation de l'arc, plus adapté à la chasse en forêt, et donc production d'armatures en silex de dimensions réduites mais toujours aux dépens de lames) ou comportementales (développement de la chasse individuelle, à l'affût ; exploitation de ressources plus diversifiées).
À la culture magdalénienne, stable et généralisée sur l'ensemble du continent européen, aisément identifiée par son industrie et son art pariétal et mobilier spectaculaire, succèdent des cultures matérielles plus localisées et changeant plus rapidement. Les expressions artistiques se font nettement plus discrètes (galets striés ou peints) et sont rarement figuratives.
En Europe, les principaux groupes épipaléolithiques sont l'Azilien (ex « Tourassien »), l'Ahrensbourgien, le Valorguien, le Swidérien, les groupes de la Long Blade Technology, le Laborien, la culture de Bromme, le Tjongérien et la culture Komsa.
Il y a un peu plus de 10 000 ans, les cultures mésolithiques d'Europe occidentale et septentrionale (Sauveterrien, Tardenoisien, Montadien, Castelnovien, Maglemosien, Kongemosien, la culture Fosna-Hensbacka) succèdent aux groupes épipaléolithiques locaux.
Concernant l'Épipaléolithique se développant autour de la Méditerranée, on distingue à l'ouest, au Maghreb, une zone également diversifié qui comporte différents faciès, dont l'Ibéromaurusien et le Capsien ; à l'est, se développe à la fin de cette période, une culture protosédentaire appelée le Natoufien.

6 -  Le Mésolithique 
(de 10 000 à 5 000 BP)

(du grec μέσος / mesos, « moyen » et Λίθος / lithos, « pierre », littéralement « âge moyen de la pierre »)

C'est la période chronologiquement et culturellement intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique (entre environ 10 000 et 5 000 ans av. J.-C. en Europe). Les groupes humains de cette période perpétuent un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette sous un climat tempéré proche de l'actuel1.
Le Mésolithique est marqué par de tels changements économiques et sociaux que certains auteurs en font la première phase de la Protohistoire européenne2. Les études récentes[Lesquelles ?] montrent en effet que le Mésolithique voit les populations se fixer sur des territoires limités et développer très progressivement une agriculture sans domestication des espèces végétales, au côté des activités de pêche et de chasseur-cueilleurs3 avec des techniques de chasse innovantes (utilisation de microlithes comme armatures de flèches), des pratiques funéraires, l'émergence des premières nécropoles et des conflits sociaux.
Le Mésolithique s'achève avec la mise en place progressive des espèces végétales et animales domestiques lors du Néolithique européen, et l'économie mésolithique perdure localement jusqu'à environ 2 300 av. J.-C. en Europe septentrionale2.

Historique

Le terme est à l'origine conçu comme une notion purement chronologique, succédant strictement au Paléolithique et précédant le Néolithique. Le développement de la datation par le carbone 14 a mis en évidence la nature arbitraire de cette définition, d'autant plus que le terme peut se référer à des intervalles de temps différents dans différentes parties de l'Eurasie : -10000 à -5000 en Europe du Nord-ouest, -20000 à -10000 dans le Levant, la période Jōmon qui se réfère au Japon mais s'applique également à certaines cultures du sous-continent indien. Le terme « Épipaléolithique » a parfois été utilisé par les archéologues français avant les années 1960 comme synonyme de Mésolithique pour les zones en dehors de l'Europe du Nord (il désigne aujourd'hui le Paléolithique final).

Changement climatique, mutations économiques, sociales et culturelles

Microlithes (trapèzes) et flèche mésolithique provenant de la tourbière de Tværmose (Danemark).
Le Mésolithique couvre, en France, les périodes climatiques du Préboréal, du Boréal et du début de l'Atlantique ancien (selon la Classification de Köppen), marquées par le développement de la forêt tempérée.
Le Mésolithique est caractérisé par un certain nombre de changements comportementaux des groupes humains. Si certains de ces changements (réduction des territoires de chasse, développement de l'arc…) paraissent fortement liés aux modifications du milieu dus au réchauffement climatique post-glaciaire (reconquête forestière, disparition des grands herbivores migrateurs des steppes tels que le mammouth et le renne au profit des herbivores forestiers tels le cerf, sanglier, chevreuil ou du petit gibier), d'autres bouleversements dans les représentations artistiques et symboliques, le développement du microlithisme…) semblent liés aux dynamiques internes d'évolution des groupes humains4.
Ceux-ci conservent un mode de vie nomade ; cependant l'abondance et la diversité des ressources par rapport à l'âge glaciaire favorisent des déplacements sur des territoires plus restreints selon des rythmes saisonniers. Ainsi, un campement a des chances d'être occupé d'année en année à une saison donnée pour effectuer des opérations plus ou moins spécifiques au site. L'idée de sites « agora », qui auraient accueilli à des moments clefs des rassemblements de groupes vivant séparément le reste du temps, partageant néanmoins des frontières et des intérêts communs (échange de matériau par don / contre-don, exogamie, la chasse demandant des effectifs importants pour des battues…), a été avancée par certains chercheurs mais reste difficile à prouver4.
Les contacts entre les groupes sont néanmoins avérés par la diffusion de traits culturels (apparition du débitage Montbani, développement des trapèzes au sein du groupe des armatures de flèches…) sur des territoires importants. Les innovations semblent essaimer de proche en proche, avec traduction et ré-interprétation du groupe receveur en fonction de son propre système technique existant, les possibilités mécaniques des matériaux à disposition.
L’emploi de l’arc et de la flèche, en particulier, se généralise sur le continent européen et en Afrique. La microlithisation des armatures de chasse s'accentue par rapport à la période précédente. Ces petits éléments sont en règle générale réalisés en fracturant des lames essentiellement débitées dans du silex (mais également dans de l'obsidienne, des quartz…). Au début du Mésolithique, les armatures les plus courantes sont les pointes. Le stade moyen (autour de 8 000 BP) voit le développement des armatures triangulaires, alors que pour la période récente (6 500 BP), ce sont les trapèzes qui dominent les assemblages. L'utilisation de l'ensemble de ces armatures comme les pointes de flèches est probable même si les hampes ont le plus souvent disparu depuis longtemps. Les découvertes de flèches complètes (hampe et armature) sont rarissimes5.
La fin du Dryas récent6 correspondant au début de l'Holocène provoque en Europe la disparition des espaces steppiques au profit des boisements de reconquête (en France, pins, puis noisetiers au huitième millénaire, et enfin chênaie mixte au septième millénaire)7.
La chasse de petits mammifères et la consommation de mollusques (escargots, bigorneaux, patelles, etc.) se développent. En milieu côtier, la récolte de coquillages est assez développée et donne parfois lieu à la formation d'amas coquilliers (accumulation des déchets) qui ont pu servir de lieu de vie et parfois de sépultures.
Les principaux groupes mésolithiques, correspondant sans doute plus à des entités techniques qu'à de véritables cultures, sont le Sauveterrien, le Tardenoisien ou le Castelnovien en France, le Maglemosien, le Kongemosien au Danemark et la culture Kunda à l'est de la Baltique.

La nécropole de Téviec

De 1928 à 1934, un ensemble d'habitats et une nécropole mésolithiques ont été découverts et fouillés à Téviec par Marthe et Saint-Just Péquart8. Téviec fait partie des rares sites du Mésolithique subsistant en Bretagne, avec la pointe de la Torche, Hoëdic et Beg er Vil sur la presqu’île de Quiberon9.
Article détaillé : Téviec
Fin du Mésolithique
La fin du Mésolithique est caractérisée par le passage d'une économie mêlant chasse et agriculture embryonnaire à une économie agro-pastorale résultant de la domestication lors du processus de néolithisation. Le Mésolithique s'achève au plus tôt avec le début de la culture d'Argissa en Thessalie vers 7 800 BP et au plus tard vers 4 300 BP en Europe septentrionale2.

7 -  Le Néolithique 
( 11 000 à 5 300 BP)

C' est une période de la Préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie, la poterie, ainsi que le développement de l'architecture. Dans certaines régions, ces mutations sont telles que certains auteurs considèrent le Néolithique comme le début de la Protohistoire1.
Selon les aires géographiques considérées, ces importantes mutations sont relativement rapides et certains auteurs ont pu parler de « révolution néolithique ». La néolithisation est toutefois un phénomène progressif, survenu à des dates différentes selon les régions. Au Proche-Orient, le Néolithique débute vers 9 000 ans av. J.-C. Il prend fin avec la généralisation de la métallurgie et l’invention de l’écriture, vers 3 300 ans av. J.-C.

Apparition du concept et définition

Hache polie en diorite – Environs de Reims, France – Collection d’Alexis DamourMuséum de Toulouse
Le mot « Néolithique » (du grec νέος, néos, nouveau, et λίθος, líthos, pierre) désigne littéralement le « âge de la pierre nouvelle». Le terme de "Nouvel âge de la pierre" a été proposé en 1865 par le préhistorien John Lubbock2.
Le Néolithique a également été souvent qualifié d’« âge de la pierre polie » puisque dans de nombreuses régions il est marqué par la systématisation du polissage de certains outils de pierre. Il convient toutefois de souligner que le polissage est déjà connu au Paléolithique supérieur même s’il est très rare. Par ailleurs, les outils polis ne sont pas les seuls utilisés au Néolithique et le polissage suit presque toujours une phase de façonnage par percussionN 1.
Si la définition initiale est fondée sur une innovation technique, elle cède progressivement la place à une définition socio-économique : au Néolithique, les groupes humains n’exploitent plus exclusivement les ressources naturellement disponibles mais commencent à en produire une partie. La chasse et la cueillette continuent souvent à fournir une part substantielle des ressources alimentaires mais l’agriculture et l’élevage jouent un rôle de plus en plus important. L’agriculture implique le plus souvent l’adoption d’un habitat sédentaire et l’abandon du nomadisme des groupes de chasseurs-cueilleurs paléolithiques et mésolithiques.
Cette mutation a souvent été présentée comme un affranchissement vis-à-vis des contraintes environnementales : les groupes humains contrôleraient l’environnement et seraient à l’abri des disettes liées aux aléas climatiques. La néolithisation conduirait à une véritable explosion démographique. Les travaux d’ethnologues tels que Marshall Sahlins incitent à relativiser ces points de vue : une économie basée sur l’agriculture implique souvent un surcroît de travail et l’abondance des récoltes reste dépendante des conditions climatiques3, d'où la continuation des pratiques de chasse, pêche et cueillette pour pallier d'éventuels manques de nourriture liés à de mauvaises récoltes, ainsi que pour varier les goûts d'un régime alimentaire peut-être trop homogène. La forte croissance démographique liée à l'adoption de l'agriculture reste avant tout théorique et difficilement démontrable scientifiquement, bien que certains chercheurs soutiennent cette hypothèse sur la base des données fournies par l'étude des squelettes découverts dans les plus anciens sites néolithiques4.
Le concept de « neolithic package » (paquet néolithique) correspond aux innovations techniques, espèces domestiquées (mouton, chèvre, bœuf) et culture matérielle (en) caractéristiques de la période néolithique en Europe et Asie de l'Ouest5. Toutefois, ce concept ne peut être appliqué de manière systématique puisqu'il tend à amoindrir les particularités socio-culturelles créées par les interactions entre groupes à l'échelle locale et micro-régionale.

La « révolution néolithique »

Article détaillé : révolution néolithique.
L’expression « révolution néolithique » a été introduite par l’archéologue australien Vere Gordon Childe6,7,8. Elle fait référence à un changement radical et rapide, marqué par le passage d’une économie de prédation (chasse, cueillette) à une économie de production (agriculture, élevage)9.
Cette hypothèse d'un changement rapide, si elle est encore largement discutée par les préhistoriens, s'oppose aujourd'hui à la théorie d'une évolution plus progressive10,11. En effet, l’adoption de l’agriculture ne s’avère pas aussi rapide qu’on pouvait le croire durant la première moitié du XXe siècle. De plus, elle n’est ni synchrone à l’échelle des différents continents, ni universelle. Les premiers agriculteurs exploitaient encore les ressources naturelles et certains groupes ont conservé une économie de chasseur-cueilleur jusqu’à nos jours. Il existe également des exemples de groupes de pasteurs nomades. L'adoption d'une économie de production semble être un phénomène progressif, initié selon certains auteurs dès le début du Mésolithique12.
Si la néolithisation est une des étapes majeures de l'aventure humaine, au même titre que la domestication du feu ou la révolution industrielle, le fait de la qualifier de révolution a été critiqué, dans la mesure où l'adoption des innovations qui la caractérisent n'est ni brutale, ni simultanée9.

Chronologie

Chèvre domestique
La chronologie du Néolithique est particulièrement délicate à établir puisqu'elle diffère en fonction des régions du monde et en fonction des critères de définition que l'on retient. Plutôt qu'une époque, le Néolithique est considéré par certains auteurs comme un stade culturel défini par un ensemble de traits techniques, économiques et sociaux9.
Il existe toutefois un consensus assez large pour reconnaître qu'un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe dans le croissant fertile, au Moyen-Orient. Vers le milieu du IXe millénaire av. J.-C., les groupes humains, déjà en partie sédentaires, commencent à y domestiquer les animaux (mouton, chèvre) et les plantes (blé, orge suivis de légumineuses) dans un but alimentaire. Au cours du VIIIe millénaire av. J.C., les premières poteries apparaissent, elles se généralisent au cours des millénaires suivant.
Les nouvelles connaissances et les nouvelles pratiques qui caractérisent le Néolithique du Proche-Orient vont progressivement gagner l'Europe de l'Ouest et le pourtour de la Méditerranée à partir de 7 000-6 500 av. J.-C. Elles suivent différentes voies et différents moyens de propagation, qu'il s'agisse de diffusion des pratiques ou de migrations de populations. D'autres régions du monde connaissent un processus de néolithisation totalement indépendant du Proche-Orient et de l'Europe, par exemple en Asie de l'est et du Sud-Est, en Océanie, en Afrique subsaharienne et sur le continent américain.
D'autres foyers de domestication des plantes et des animaux  :
Variétés péruviennes de maïs
La datation de la fin du Néolithique est également problématique. Si l'on ne considère que la période chronologique, elle prend fin avec le développement de l'utilisation technique des métaux et le début de l'âge du bronze, soit vers 2 100 av. J.-C. en Europe occidentale. Le Chalcolithique est une période intermédiaire marquée par l'émergence du travail de certains métaux (cuivre, or, argent) mais encore rattachée au Néolithique par de nombreux aspects (industrie lithique et osseuse, céramique, mégalithisme).

Le Néolithique dans le monde

Article détaillé : Groupes du Néolithique en France.

Innovations techniques

Haches polies découvertes dans le dépôt de Bernon (Arzon, Morbihan).
Ces pièces de grandes dimensions (15 à 28 cm) datent du Ve millénaire av. J.-C.. Certaines sont en fibrolite locale, d'autres sont en roches vertes alpines et ont probablement été obtenues par échange.

Pierre polie

Préforme de hache en pierre avant polissage
Hache en pierre partiellement polie : la phase de façonnage est encore perceptible
La technique du polissage est utilisée dès le Paléolithique supérieur pour le travail des matières dures animales (os, bois, ivoire) mais aussi, plus rarement, de la pierre, notamment au Japon et en Chine. Elle est également attestée ponctuellement dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs, comme dans le Mésolithique de la plaine russe ou chez les aborigènes d'Australie.
Toutefois la généralisation du polissage n’intervient qu’au Néolithique avec le développement des travaux de défrichage liés à l’agriculture. Cette technique permet en effet d’obtenir des haches et des herminettes aux tranchants réguliers et très résistants, qui pourront trancher les fibres du bois sans s'esquiller. Il est important de souligner que le polissage n’est que la dernière étape de la fabrication de la lame de hache et qu’elle intervient après un façonnage généralement bifacial.
Les outils de pierre polie sont réalisés à partir de roches dures (silex) ou de roches vertes tenaces, éruptives (basaltes, dolérites…) ou métamorphiques (amphibolites, éclogites, jadéites…). Les roches tenaces sont parfois travaillées par sciage ou bouchardage avant d’être polies. Le polissage s’effectue par frottement sur un polissoir dormant ou mobile (grès, granite, silex…)13,14.
L'archéologie expérimentale a permis de montrer que le rendement du polissage à la main sur certaines roches très dures était de l'ordre de 5 à 20 g par heure, soit jusqu'à une centaine d'heures de travail pour certaines grandes haches. Dans ces conditions, il peut paraître surprenant que le polissage s'étende à toute la surface de l'outil et pas seulement la zone active. Le soin apporté à la confection des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais également esthétiques et sociales. Ce dernier point est appuyé par des études réalisées en contexte ethnographique15.

Débitage et retouche par pression

Parallèlement au polissage, d’autres méthodes sont développées pour produire des outils et des armes de chasse. C’est le cas du débitage par pression, qui permet d’obtenir des lames et des lamelles très régulières. La retouche par pression, employée dès le Solutréen en Europe mais aussi beaucoup plus tôt dans le Middle Stone Age sud-africain16, revêt une grande importance au Néolithique pour la finition de certaines armatures telles que les pointes de flèches à pédoncule et ailerons.

Céramique

Poterie du Jōmon naissant, environ 10 000 à 8 000 ans av. J.-C.
La céramique est souvent considérée comme une invention des groupes humains du Néolithique. L'utilisation de terre cuite à des fins non utilitaires est toutefois attestée dès le Paléolithique supérieur, notamment pour la réalisation de certaines Vénus gravettiennes17. Des figurines animales en terre cuite très anciennes sont également connues dans les sites ibéromaurusiens d'Afrique du Nord, dont l'âge est estimé à 20 000 ans BP.
La poterie (au sens originel de fabrication de récipients en terre cuite) fait son apparition chez plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs en voie de néolithisation en Russie, en Scandinavie, en Chine et surtout au Japon, durant la période Jōmon. La poterie Jōmon apparaît entre 15 000 et 12 000 ans av. J.-C.18.
Céramique linéaire du Rubané
Elle a également été inventée indépendamment et relativement anciennement au Proche-Orient : elle est attestée à Ganj-i Dareh (Iran) vers 7 000 ans av. J.-C., à Tell Mureybet19 (Syrie) entre 7 000 et 8 000 ans av. J.-C. Il s'agit toutefois d'une invention en partie sans lendemain puisqu'il existe en Syrie et en Palestine un Néolithique précéramique qui perdure jusqu'au début du VIe millénaire av. J.-C.

Expansion néolithique de la Culture cardiale et de la Culture rubanée en Europe
La céramique est définitivement adoptée autour de 6 000 ans av. J.-C. en Syrie ; elle est attestée à Jarmo (Irak) vers 5 400 av. J.-C. et peu après en Asie mineure, dans les Balkans puis en Méditerranée occidentale. L'invention de la céramique est une étape majeure dans le développement des techniques humaines : il s'agit d'un matériau dont la transformation est irréversible. En effet, on ne peut pas obtenir de nouvelle argile à partir d'une terre cuite, car la structure moléculaire en a été irrémédiablement modifiée, alors que les outils en métal, même des alliages, peuvent à nouveau fournir les métaux qui les constituent.
La céramique est également une source d'information précieuse pour les archéologues : elle est à la fois relativement simple à fabriquer et assez fragile, tout en se conservant généralement bien. Elle va donc se renouveler et évoluer rapidement, donnant lieu à d'innombrables variantes en termes de formes et de décors, et ainsi servir de marqueur des différents courants culturels du Néolithique.

Métallurgie

La fin du Néolithique est également marquée par l'émergence de la métallurgie. La production d'objet en métal est attestée dès le VIIIe millénaire au Proche-Orient et en Anatolie20. Il s'agit de petits objets en cuivre réalisés par martelage à froid. La fusion du métal est plus tardive et n'est attestée jusqu'à présent qu'à la fin du VIe millénaire. Longtemps, l'apparition et le développement des objets en métal définissait le début de l'Âge des métaux qui débutait par l'Âge du Cuivre, et était suivi par l'Âge du Bronze et l'Âge du Fer. Dans de nombreuses régions, l'utilisation de l'expression "Âge du Cuivre", ou "Chalcolithique" ou parfois "Énéolithique" tend à disparaître au profit d'expressions comme "Néolithique final" car en dehors de l'apparition et du développement très progressif des objets en métal, l'organisation sociale ne semble par marquer de ruptures fondamentales par rapport aux autres sous-périodes du Néolithique.

Débuts de l'agriculture et changements dans la société

Articles détaillés : Origines de l'agriculture et Domestication.

L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations néolithiques les plus lourdes de conséquences en ce qui concerne l'organisation sociale. La sédentarisation a longtemps été considérée comme une conséquence de l'agriculture ; il est désormais acquis qu'elle l'a au contraire précédée, notamment au Natoufien. Le climat particulièrement favorable du croissant fertile permettait à des groupes de chasseurs-cueilleurs d'assurer leur subsistance grâce aux abondantes céréales sauvages de la région21. La pression démographique aurait conduit ces groupes à s'étendre vers des régions moins favorables où il était nécessaire de prendre soin des céréales et des légumineuses pour en tirer pleinement parti22.
Pour J. Cauvin, l'explication de l'apparition de l'agriculture ne peut toutefois se résumer à des pressions environnementales ou démographiques mais est plus vraisemblablement socio-culturelle. Pour la première fois, les groupes humains ne se scindent pas lorsqu'ils atteignent le seuil critique au-delà duquel des tensions internes apparaissent : l'agriculture serait une solution pour créer de nouveaux rapports sociaux23,24. Ces nouvelles structures sociales seraient même entraînées par un changement cognitif apparent chez l'humain, impliquant une évolution de son rapport avec son environnement naturel, ce que J. Cauvin identifie dans une « révolution des symboles »23.
Il est peu probable qu'il existe une explication unique à l'adoption de l'agriculture dans les différents foyers de néolithisation à travers le monde : le mil est domestiqué au Sahara, l'orge, le blé et l'engrain au Moyen-Orient, le chanvre en Asie (montagnes de l'Inde et du Pakistan, plaines de l'Asie centrale ou région moyenne du fleuve Jaune)25, le millet (Setaria italica) dans le bassin du fleuve Jaune, le riz dans le bassin du Yangzi Jiang en Chine, des plantes à tubercule en Asie du Sud-Est, le sorgho au Sahel, etc. Le radoucissement climatique consécutif à la fin de la Dernière Glaciation favorise la croissance des plantes, et la réussite de cette stratégie de subsistance. La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps utilisées parallèlement à la culture et à l'élevage.
Si le chien a été domestiqué dès le Paléolithique26,27 par des chasseurs-cueilleurs, au Néolithique les animaux commencent à être domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle, intervient plus tardivement. Le choix se porte sur quelques espèces, les plus dociles ou les plus prisées. Au tout début du Néolithique, il est évidemment souvent très délicat de déterminer si des restes osseux appartiennent à un animal sauvage ou domestique, tant ils sont encore proches. Les dates de domestication des différentes espèces sont donc sujettes à de nombreux débats (voir dates et lieux de domestication).

Apparition de la hiérarchisation, de la guerre et des États

L'apparition et le développement de la différenciation sociale et de la hiérarchisation font encore l'objet de nombreuses conjectures. Aucun consensus clair ne se dégage dans la communauté scientifique. Certains suggèrent que l'apparition du stockage des aliments et la constitution de réserves ont eu pour effet indirect un début de hiérarchisation de la société, avec la mise en place progressive d'une classe de guerriers pour protéger les champs et les réserves de la convoitise des groupes voisins. Le niveau supérieur de l'hypogée de Roaix (Vaucluse), daté de 2 090 ± 140 av. J.-C., a livré les squelettes imbriqués d'une quarantaine d'individus, hommes, femmes ou nouveau-nés, dont certains présentaient des pointes de flèches fichées dans les os du bassin ou au milieu du thorax : il s'agirait de l'une des plus anciennes preuves d'inhumation collective à la suite d'un massacre et de l'un des premiers témoignages de guerre28,29. Courtin lui-même précise, dans son interview, que "...cette version est maintenant contestée par une thèse récente (ce serait une couche de mortalité normale d'un village)...". Il faut parler, de toute façon, de combats sporadiques, s'ils ont vraiment eu lieu. Les connaissances des préhistoriens ne permettent pas aujourd'hui de parler de "guerre" au Néolithique. Inférer sur des causes de massacres tout à fait putatifs ne peut conduire à considérer que les hommes du Néolithique étaient guerriers et encore moins qu'ils nous auraient légués une sorte de violence génétique. Il semble que les conditions sociales, la culture et l'apprentissage aient, par contre, joué un rôle déterminant dans les évolutions de la période. L'absence ou la réalité de conflits éventuels entre groupes humains semblent, durant cette période comme aujourd'hui, indissociables de ces trois éléments.

Sédentarisation et apparition des premières villes

Comme évoqué précédemment, dans certaines régions la sédentarisation a précédé la découverte de l'agriculture, lorsque l'environnement apportait une subsistance suffisante tout au long des saisons. Par ailleurs, celle-ci n'entraîne pas toujours la sédentarisation complète, certains groupes de pasteurs étant également nomades. Il existe également, en Inde et en Amazonie, des exemples de groupes d'agriculteurs nomades qui ne restent sur un territoire donné que le temps d'une récolte.
Mais l'agriculture impose généralement de se fixer quelques mois, le temps de faire les récoltes, à quelques années, le temps que la terre s'épuise. Des constructions durables apparaissent, en torchis et en pierre, remplaçant les huttes de peaux des chasseurs-cueilleurs. Quand ces constructions se regroupent, naît alors le village. L'une des plus anciennes agglomérations est celle de Jéricho : les premières constructions de pierre y sont datées d'environ 9 000 ans av. J.-C. Elles sont légèrement antérieures à celles de Jarmo et de Choirokoitia, à Chypre. L'agglomération de Çatal Hüyük, en Turquie, est l'exemple le plus éclatant d'une sédentarisation aboutie : extension sur 12 hectares, maisons à un étage en briques crues, toits en terrasses, peintures murales, il y a environ 8 500 ans. Dans la mesure où elle ne présente pas de véritable plan urbanistique, il convient toutefois de la considérer comme un grand village plutôt que comme une ville ou une proto-ville.
La fin du Néolithique en Europe est également connue pour ses « cités lacustres », qui ont déchaîné l'imagination des préhistoriens du début du XXe siècle. Il apparaît que si certaines habitations étaient parfois édifiées sur pilotis, le plus souvent elles étaient construites en bordure de lacs et n'ont été submergées que bien plus tard. Ces sites sont caractérisés par une conservation exceptionnelle des matériaux organiques. L'un des plus célèbres est celui situé au bord du lac de Chalain dans le Jura. Il existe de nombreux sites témoignant de ce type d'habitats lacustre dans l'arc Alpin,en Suisse (site de Bevaix et d'Auvernier à Neuchâtel).

L'art

Article détaillé : Art néolithique.
Combat d'archers dans un abri de Morella, Espagne.
L'art néolithique est extrêmement diversifié dans ses expressions. Les artistes du Néolithique s'expriment à travers la décoration des objets utilitaires (céramique, haches polies) mais aussi par la réalisation de sculptures, de parures et d'œuvres rupestres.

L'art néolithique vu par Élie Faure

Le passage du Paléolithique au Néolithique nous est raconté, du point de vue artistique, par un des plus grands auteurs d'histoire de l'art, Élie Faure. « Au début, tout, pour le primitif, est naturel, et le surnaturel n’apparaît qu’avec le savoir », nous dit-il.
Mais la religion estompe l'art pour établir sa supériorité. C’est sans doute ce qui arrivera au Néolithique, environ 6 000 ans après l’engloutissement, sous les eaux du déluge, de la civilisation du renne. Des changements climatiques interviennent, la planète à nouveau se réchauffe, les glaciers fondent et les eaux montent.
Quand enfin de nouvelles conditions climatiques se stabilisent et que renaît la civilisation, c’est sous une autre forme. Celle du chasseur de renne est morte à jamais car les rennes ont migré vers le grand Nord (Sibérie, Scandinavie)et les cervidés les ont remplacés autant dans l'art rupestre et pariétal que dans le quotidien. Nous sommes au Néolithique, l’homme est plus agriculteur que chasseur. Graines et animaux sont domestiqués, les tribus reconstituées se sédentarisent, les premières grandes cités apparaissent au Moyen-Orient et en Asie mineure.
Figurine anthropomorphe, Grèce
Voici surgir l'aube d’une nouvelle civilisation, « glacée par une industrie plus positive, une vie moins puissante, une religion déjà détournée de la source naturelle », dit Élie Faure. « Une civilisation à tendance scientifique prédominante », n'est-ce pas déjà la nôtre ?
Les belles formes mouvantes peintes sur les parois des cavernes du Paléolithique disparaissent à jamais. Dans ce monde de la pierre polie qui succède à celui de la pierre simplement éclatée déjà se profile le rationalisme du futur âge industriel. Il y a comme une marque de réprobation et probablement d’interdiction religieuse dans ce tabou vis-à-vis des formes humaines et animales. La religion nouvelle, outre à faire naître autant de dieux que d'hommes, se base sur l'astronomie davantage que sur la vie. L'esprit est tout, la forme dédaignée, avant d'être maudite parce qu'on y voit quelque « mauvais esprit » ou « mauvais œil », obstacle à la libération morale à venir au cours des millénaires jusqu'à nous, héritiers directs du Néolithique.
Alignement du quadrilatère du Manio, près de Carnac, France
« Une silhouette de mammouth à demi effacée sur la paroi d’une caverne nous en dit plus sur l’esprit de l’homme qui l’y a gravée en quelques heures, qu’une plaine couverte de mégalithes sur des foules qui ont mis des siècles à les dresser », dira Élie Faure.

Génétique

La question de savoir si l'agriculture s'est répandue au gré des migrations humaines ou par la diffusion des idées et des techniques agricoles est toujours débattue mais depuis 2010, plusieurs études de la diversité génétique des populations modernes viennent quelque peu éclaircir la situation.
En janvier 2010, dans une étude scientifique financée par le Wellcome Trust sur la diversité génétique des populations modernes, des chercheurs de l'université de Leicester au Royaume-Uni ont étudié des échantillons de toute l'Europe, dont des Français de plusieurs régions (Finistère, Pays basque, Vendée, Haute-Garonne…), et établi que la plupart des hommes européens, descendent d'agriculteurs migrants qui sont arrivés du Proche-Orient il y a entre 5 000 et 10 000 ans. Le professeur Mark Jobling, qui a conduit l'équipe de recherche, déclarait ainsi : « Nous avons étudié la lignée la plus répandue du chromosome Y en Europe, qui correspond à environ 110 millions d'hommes : elle montre un gradient régulier du sud-est vers le nord-ouest, atteignant presque les 100 % en Irlande. Nous avons étudié la répartition de cette lignée, sa diversité dans les différentes régions d'Europe, et son ancienneté. » Les résultats suggèrent que cette lignée R1b-M269 (tout comme les lignées E1b1b et J) s'est répandue avec l'agriculture, depuis le Proche-Orient. Le Dr Patricia Balaresque, auteur principal, déclarait : « Au total, plus de 80 % des chromosomes Y des européens viennent de ces agriculteurs. Par opposition, la plupart des lignées génétiques maternelles semblent venir des chasseurs-cueilleurs. Ceci suggère un avantage reproductif des agriculteurs sur les hommes locaux, lors de l'abandon des pratiques de chasse et de cueillette. »30,31,32.
Toutefois, selon des études génétiques plus récentes, l'haplogroupe R1b-M269, qui représente 60% des lignées masculines en France, pourrait être associé, non pas aux fermiers du Néolithique, mais aux Proto-Indo-Européens arrivés en Europe durant l'Âge du bronze et qui auraient remplacé une grande partie de la population néolithique masculine existante33,34.
Les populations celtiques seraient caractérisées par différents sous-groupes de l'haplogroupe R1b-M269 introduit en Europe par ces migrations indo-européennes35.

( 9 500 à 4 300 BP)

Le chalcolithique (parfois appelé par de rares auteurs épinéolithique) est une période de la protohistoire1. Il est originellement défini comme une transition entre le Néolithique et l'Âge du bronze.

Caractéristiques


Diffusion de l'utilisation du cuivre natif au chalcolithique :
  •      7500 av. J.-C.
  •      7500 – 7000 av. J.-C.
  •      7000 – 6500av. J.-C.
  •      6500 – 5500 av. J.-C.
Le terme « chalcolithique » a été forgé par les préhistoriens à partir des racines grecques khalkos (cuivre) et lithos (pierre). Ainsi, le chalcolithique est la « période où un outillage, principalement en pierre, peut être complété par des objets en cuivre travaillé », caractéristique, en archéologie, de certaines cultures de la fin de l'Europe néolithique.
Parfois utilisé dans un sens chronologique, le chalcolithique désigne alors un improbable « âge du cuivre » que dément formellement la juxtaposition de cultures contemporaines chalcolithiques, Néolithique et du bronze ancien sur des territoires voisins, notamment en France. Les archéologues italiens préfèrent quant à eux désigner l'équivalent sous le nom d'« énéolithique »[réf. nécessaire].
En Europe, certaines cultures s'imposent durant cette période, telles que le campaniforme, la céramique cordée, les catacombes, Vučedol, etc. Du chalcolithique moyen date la fondation de la première ville en Europe, sur le site de Solnitsata, construite autour de la production de sel.
Le chalcolithique s'éteint au nord des Alpes après 2300 avant notre ère mais à une époque antérieure dans le sud-est du continent2.

( 5 000 à 3 000 BP) 


L’âge du bronze est une période de la protohistoire caractérisée par l’usage de la métallurgie du bronze, nom générique des alliages de cuivre et d’étain. Aujourd’hui, il est admis que cette période succède à l’âge du cuivre ou chalcolithique et précède l’âge du fer, dans les régions du monde où ces catégories sont pertinentes. En effet, comme pour les autres périodes de la préhistoire, les limites chronologiques de l’âge du bronze varient considérablement selon l’aire culturelle et selon l’aire géographique considérées.
En gros, dans les régions de monde où il particulièrement significatif et étudié, l'âge de bronze s'étend sur une période de 2000 ans, de 5000 à 3000 avant le présent, mais avec néanmoins de grandes variations suivant les aires considérées. Il est plus difficile à identifier dans certaines parties du monde, telles que l’Amérique latine où les civilisations précolombiennes connurent une métallurgie de l’or et du cuivre jusqu’à la conquête espagnole.

( à partir de 3 100 BP)
 
L'âge du fer est une période chronologique caractérisée par l'usage de la métallurgie du fer et faisant généralement suite à l'âge du bronze. Cependant, les limites chronologiques de l'âge du fer varient considérablement selon l'aire culturelle et géographique considérée. Ainsi peut-il être considéré comme appartenant à la Préhistoire, à la Protohistoire ou l'Histoire selon les aires géographiques considérées.
L'âge du fer débute vers 2650 av. J.-C. en Afrique1, vers 1100 av. J.-C. dans le monde méditerranéen et vers 800 à 700 av. J.-C. dans le nord de l'Europe2.
La métallurgie du fer nécessite une température plus élevée que celle du bronze et donc la connaissance technique d'un four portant à une température de 1 500 °C3.

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1 -  Le Très Ancien Paléolithique ou Paléolithique archaïque 
(2 000 000 à 600 000 ans BP)

C'est une subdivision du Paléolithique correspondant aux débuts de cette période. Cette notion ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique, la plupart des préhistoriens préférant une subdivision tripartite du Paléolithique en Paléolithique inférieur, moyen et supérieur1. Certains auteurs réservent la notion de Paléolithique archaïque au continent africain2.
Pour Eugène Bonifay, « le Très Ancien Paléolithique correspond à la phase la plus ancienne de l'outillage préhistorique. À côté d'un outillage sur éclats très primitif on trouve des outils sur galets ("galets aménagés") ainsi que de rares bifaces très archaïques, ces deux types étant des poly-outils (outils à usages multiples). En Europe sud-occidentale, le Très Ancien Paléolithique existe depuis les origines (probablement plus de 2 millions d'années) jusque vers 600 000 ans avant le présent (…) »3. Une telle ancienneté du peuplement européen est toutefois très contestée4.


2 - Le Paléolithique inférieur 
( 2 500 000 à 300 000 ans BP)

est la première période de la Préhistoire, marquée par l'apparition de l'Homme en Afrique. Selon les points de vue et les critères retenus, elle débute entre 3 et 2,5 millions d'années avant le présent (ou 2,5 Ma BP). Elle se termine il y a environ 300 000 ans, lorsque des changements au niveau de l'outillage et de l'évolution humaine annoncent le début du Paléolithique moyen. Les industries lithiques associées au Paléolithique inférieur sont l'Oldowayen et l'Acheuléen. Dans le cas de l'Europe, le Chelléen et l'Abbevillien sont des subdivisions du Paléolithique inférieur qui ont tendance à tomber en désuétude.
Certains auteurs, minoritaires, distinguent un Très Ancien Paléolithique ou Paléolithique archaïque correspondant au début de cette période.

Le Paléolithique inférieur en Afrique

Les principales découvertes concernant les débuts de l’aventure humaine ont pour cadre le continent africain, et tout particulièrement l’Afrique orientale et australe. C’est de ces régions que proviennent les plus anciens fossiles attribués à la famille des Hominidés : parmi ces ancêtres - ou proches parents - de l’Homme on trouve les Australopithèques (dont Australopithecus afarensis et la fameuse Lucy, puis Australopithecus africanus et Paranthropus robustus) et les premiers représentants du genre humain proprement dit (Homo rudolfensis puis Homo habilis, le premier à avoir une capacité crânienne de plus de 600 cm3).
C’est de là également que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour : ils ont été découverts au Kenya, à Lomekwi 3, dans des terrains datés d’environ 3,3 Ma BP BP1. Ils supplantent en ancienneté ceux de Kada Gona en Éthiopie, datant de 2,6 Ma. Si ces premiers outils sont généralement peu élaborés, des découvertes récentes effectuées dans le site de Lokalalei au Kenya (ouest du lac Turkana), ont montré que la taille de la pierre pouvait être assez organisée et révélait une certaine habileté technique dès 2,3 Ma BP.
Après une période durant laquelle ils sont rares, les sites à outils lithiques se multiplient à partir de 1,9 Ma BP. Les sites d’Olduvai en Tanzanie ou de Koobi Fora au Kenya ont livré de nombreux vestiges de cette industrie appelée Oldowayen. Les instruments de cette époque restent très simples et comportent essentiellement des éclats et des galets taillés.
À partir de 1,6 Ma BP, toujours en Afrique, on assiste à l’apparition de nouvelles espèces d’Hominidés fossiles et d’une nouvelle industrie lithique :
  • en effet, on trouve à cette époque, aux côtés des Paranthropus robustus, les Homo ergaster puis les Homo erectus ;
  • d’autre part, on voit apparaître de nouveaux outils, plus grands et plus élaborés, tels que les bifaces, les hachereaux ou les bolas, qui caractérisent l’Acheuléen. Les sites de cette époque sont extrêmement nombreux mais on peut retenir les noms d’Olduvai (Tanzanie), Olorgesailie, Kilombe, Isenya (Kenya), Melka Kunture, Gadeb (Éthiopie).

Le Paléolithique inférieur en Europe ( - 1 Ma - 300 000 ans)

Bien que l’un de ses prédécesseurs – qui reste à définir – ait pu s’aventurer hors d’Afrique comme en témoigne les découvertes réalisées à Dmanissi (Géorgie ; - 1,7 Ma ?), c’est l’Homo erectus qui va véritablement peupler progressivement le Proche-Orient (-1,4 Ma en Palestine), l’Asie (-1 Ma / - 800 000 ans en Chine et à Java, où il a été reconnu sous le nom de Pithécanthrope) et l’Europe (- 1 Ma). Les fossiles européens de Ceprano et d’Altamura (Italie), de Mauer (Allemagne), de Tautavel (France), de Atapuerca (Espagne) ou de Petralona (Grèce) peuvent être considérés comme des Homo heidelbergensis, des Homo erectus évolués comportant déjà certains traits propres à leurs descendants directs, les Hommes de Néandertal.
Les premiers ensembles lithiques clairement identifiés en Europe comportent essentiellement des éclats et des galets ou blocs taillés, parfois associés à quelques bifaces et quelques éclats retouchés (transformés en outils plus spécialisés par de petits enlèvements sur les bords). On peut mentionner notamment les sites de Monte Poggiolo, Isernia La Pineta, Venosa-Notarchirico (Italie), Atapuerca, Orce (Espagne), Soleilhac, Abbeville et Saint-Acheul (France), qui s’échelonnent entre 1 Ma et 500 000 ans BP. Ces industries sont progressivement remplacées, peut-être lors d’une deuxième vague de peuplement, par des industries acheuléennes à bifaces et hachereaux nettement plus nombreux : on en trouve la trace, entre 500 et 300 000 ans BP, dans les sites de Torre in Pietra, Castel di Guido, Fontana Ranuccio, Venosa (Italie), de Pinedo, Aridos, Torralba, Ambrona, Atapuerca (Espagne), de Terra Amata, Tautavel, Orgnac 3, Cagny (France), de Swanscombe, Hoxne (Angleterre), de Kärlich, Schöningen, Bilzingsleben (Allemagne).

Modes de vie au Paléolithique inférieur

Les indications concernant directement la vie quotidienne sont extrêmement rares pour ces périodes reculées, du fait de la mauvaise conservation générale des vestiges en matériaux périssables. Il est le plus souvent impossible de déterminer la fonction des vestiges lithiques eux-mêmes, faute d’une bonne conservation de leurs traces d’utilisation. De plus la répartition spatiale des objets découverts lors des fouilles archéologiques correspond rarement à leur disposition originelle et il est difficile de savoir comment s’organisait l’habitat.
Mais quelquefois des découvertes exceptionnelles permettent d’entrevoir des comportements complexes : ainsi la pratique de la chasse a pu être démontrée grâce à la mise au jour d’épieux en bois travaillés, notamment à Clacton-on-Sea (Angleterre) et Schöningen (Allemagne). Même si le charognage a pu jouer un rôle important, dès cette époque les espèces chassées sont très variées, leur taille pouvant aller de celle du lapin à celle du mammouth.
Une découverte majeure de cette fin du Paléolithique ancien est la domestication du feu: elle est sans doute à mettre à l’actif d’Homo erectus et elle est attestée à partir d’environ - 400 000 ans, notamment dans les sites de Terra Amata, Menez Dregan (France), Bilzingsleben (Allemagne) ou Vértesszőlős (Hongrie).



3 - Le Paléolithique moyen 
( 300 000 à 30 000 ans BP)

C'est une période de la Préhistoire qui s’inscrit dans la continuité du Paléolithique inférieur. En Europe, il débute autour de 300 000 ans avant le présent (stade 8 de la chronologie isotopique) avec la généralisation du débitage Levallois et s’achève autour de 30 000 ans avec la disparition de l’Homme de Néandertal et l’arrivée des Humains anatomiquement modernes (Homo sapiens) venus du Proche-Orient et par la Méditérannée[réf. nécessaire]. Un métissage a très bien pu s'effectuer entre les populations Néandertaliennes et Sapiens puisqu'elles se sont côtoyées.
Cette période est marquée par l’apparition d’un ensemble de traits culturels nouveaux : elle voit par exemple se généraliser et se diversifier l’utilisation des outils retouchés (racloirs, denticulés, grattoir, ciseau de pierre, lames, lamelles, etc.).
Ces outils peuvent être réalisés en suivant deux schémas opératoires dans la taille du nucléus:
La première est le débitage, c'est-à-dire que les outils sont réalisés à partir d’éclats débités aux dépens de blocs de matière première préparés, appelés nucléus. Cette technique permet d'extraire plusieurs éclats du nucléus. Plusieurs techniques de débitage sont identifiés durant le Paléolithique moyen, notamment la technique Quina (du nom du site de Quina) une autre de ces méthodes de débitage d’éclats, identifiée dès le XIXe siècle et relativement bien connue, est la méthode Levallois .
La méthode Levallois est caractérisée par la possibilité de débiter de façon répétée des éclats dont les caractéristiques morpho-techniques ont été prédéterminées avant leur détachement par la mise en forme des nervures lors de la préparation du nucléus. Les pierres utilisées (silex, basalte, grès, calcaire)
La méthode Quina est différente dans sa manière d'appréhender le travail de la pierre. Elle était généralement utilisée pour tailler des roches de qualité moindre. Cette technique produit des éclats épais à section asymétrique. Avec un percuteur dur frappant assez loin du bord du nucléus non spécialement préparé, (contrairement au Levallois) des éclats, souvent couverts de cortex, sont détachés d'une face, puis d'une autre et ainsi de suite. Puis les éclats sont retouchés, généralement en racloir Quina dont l'épaisseur favorise la solidité. Certains éclats deviendront même des matrices de production" de petits éclats courts et épais. Ce type de débitage est présent dans le sud de la France entre 50000 et 40000 avant notre ère. cet technique était utilisé particulièrement durant les périodes de refroidissement, aussi appelées glaciations ou épisode Würmien.
Deux faits technologiques sont également répertoriés, la technique du laminaire, et la technique du ramifié.
La technique du laminaire produit, comme son nom l'indique, des lames et éclats laminaires. cette technique est présente tôt puisqu'on l'identifie dès 200000 ans avant le présent. Elle est souvent associé, à tort, à la technique Levallois. Car un nucléus Levallois ne peut pas donner des lames en série car c'est une surface qui est exploitée et qui produit énormément de déchets (éclats inutilisés) et il faudrait sans cesse remettre en forme le nucléus. Pour produire en série il faut exploiter en volume le nucléus comme ceux à lames du paléolithique supérieur.
Le débitage ramifié au Moustérien se résume ainsi : Prenez un nucléus retirez en des éclats. Ils formeront la première génération d'éclats. Puis cette première génération d'éclats sera recyclé en nucléus qui produira une seconde génération d'éclats. Cette dernière génération d'éclats sera ensuite retravaillée pour devenir de l'outillage de type microlithique.
Le deuxième schéma opératoire dans la taille d'une pierre est le façonnage c'est-à-dire la taille du nucléus en un seul outil. On procède alors par extraction de matière et ce n'est plus alors , contrairement au façonnage, les éclats qui seront utilisés mais le nucléus.
En Europe, la principale manifestation culturelle du Paléolithique moyen est le Moustérien suivi d'une courte phase, le Châtelperronien. Le principal artisan du Moustérien est l’Homo neanderthalensis, ou Homme de Néandertal. Il présentait un crâne volumineux au front fuyant, au torus sus-orbitaire marqué, et au menton pratiquement absent. Ces caractéristiques nous sont connues notamment grâce aux découvertes d’ossements fossiles de Saccopastore, de la Grotte Guattari sur le Mont Circé (Italie), de Gibraltar au Sud de la péninsule ibérique, de la Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina (France), de Spy (Belgique) et bien sûr de Néandertal (Allemagne).
Si les premières descriptions ont voulu faire de cet homme une brute dépourvue de toute faculté intellectuelle, la multiplication des découvertes permet aujourd’hui de dresser un tout autre portrait du Néandertalien.

4 - Le Paléolithique supérieur, parfois également appelé Paléolithique récent1
( 45 000 à 10 000 ans BP)

C' est la période de la Préhistoire qui est caractérisée par l’arrivée de l’Homme anatomiquement moderne en Europe, le développement de certaines techniques (lames, outils et armes en matières dures animales, propulseur, etc.) et l'explosion de l'art préhistorique. Il se situe entre 45 000 et 10 000 ans avant le présent et correspond à la fin de la Dernière période glaciaire.

Il est précédé par le Paléolithique moyen et est suivi de l'Épipaléolithique (ou Paléolithique final).


5 - L'Épipaléolithique 
( 12 500 BP)

C'est une phase de la Préhistoire récente, succédant au Paléolithique supérieur il y a environ 12 500 ans et précédant le Mésolithique.
Sa définition est complexe et fait intervenir des éléments chronologiques, climatiques, environnementaux, sociaux et techniques. L'Épipaléolithique est marqué par la fin des temps glaciaires et un radoucissement généralisé, accompagné en Europe d'un important développement du couvert forestier et donc d'une modification des faunes (disparition des espèces grégaires de milieu ouvert, en particulier du renne, et développement des espèces forestières, notamment le cerf ou le sanglier).
Le mode de vie des groupes humains de l'Épipaléolithique s'inscrit dans la continuité de ceux du Paléolithique et leur économie est toujours celle de groupes de chasseurs-cueilleurs. Toutefois, les changements environnementaux vont induire un certain nombre d'adaptations techniques (généralisation de l'arc, plus adapté à la chasse en forêt, et donc production d'armatures en silex de dimensions réduites mais toujours aux dépens de lames) ou comportementales (développement de la chasse individuelle, à l'affût ; exploitation de ressources plus diversifiées).
À la culture magdalénienne, stable et généralisée sur l'ensemble du continent européen, aisément identifiée par son industrie et son art pariétal et mobilier spectaculaire, succèdent des cultures matérielles plus localisées et changeant plus rapidement. Les expressions artistiques se font nettement plus discrètes (galets striés ou peints) et sont rarement figuratives.
En Europe, les principaux groupes épipaléolithiques sont l'Azilien (ex « Tourassien »), l'Ahrensbourgien, le Valorguien, le Swidérien, les groupes de la Long Blade Technology, le Laborien, la culture de Bromme, le Tjongérien et la culture Komsa.
Il y a un peu plus de 10 000 ans, les cultures mésolithiques d'Europe occidentale et septentrionale (Sauveterrien, Tardenoisien, Montadien, Castelnovien, Maglemosien, Kongemosien, la culture Fosna-Hensbacka) succèdent aux groupes épipaléolithiques locaux.
Concernant l'Épipaléolithique se développant autour de la Méditerranée, on distingue à l'ouest, au Maghreb, une zone également diversifié qui comporte différents faciès, dont l'Ibéromaurusien et le Capsien ; à l'est, se développe à la fin de cette période, une culture protosédentaire appelée le Natoufien.

6 -  Le Mésolithique 
(de 10 000 à 5 000 BP)

(du grec μέσος / mesos, « moyen » et Λίθος / lithos, « pierre », littéralement « âge moyen de la pierre »)

C'est la période chronologiquement et culturellement intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique (entre environ 10 000 et 5 000 ans av. J.-C. en Europe). Les groupes humains de cette période perpétuent un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette sous un climat tempéré proche de l'actuel1.
Le Mésolithique est marqué par de tels changements économiques et sociaux que certains auteurs en font la première phase de la Protohistoire européenne2. Les études récentes[Lesquelles ?] montrent en effet que le Mésolithique voit les populations se fixer sur des territoires limités et développer très progressivement une agriculture sans domestication des espèces végétales, au côté des activités de pêche et de chasseur-cueilleurs3 avec des techniques de chasse innovantes (utilisation de microlithes comme armatures de flèches), des pratiques funéraires, l'émergence des premières nécropoles et des conflits sociaux.
Le Mésolithique s'achève avec la mise en place progressive des espèces végétales et animales domestiques lors du Néolithique européen, et l'économie mésolithique perdure localement jusqu'à environ 2 300 av. J.-C. en Europe septentrionale2.

Historique

Le terme est à l'origine conçu comme une notion purement chronologique, succédant strictement au Paléolithique et précédant le Néolithique. Le développement de la datation par le carbone 14 a mis en évidence la nature arbitraire de cette définition, d'autant plus que le terme peut se référer à des intervalles de temps différents dans différentes parties de l'Eurasie : -10000 à -5000 en Europe du Nord-ouest, -20000 à -10000 dans le Levant, la période Jōmon qui se réfère au Japon mais s'applique également à certaines cultures du sous-continent indien. Le terme « Épipaléolithique » a parfois été utilisé par les archéologues français avant les années 1960 comme synonyme de Mésolithique pour les zones en dehors de l'Europe du Nord (il désigne aujourd'hui le Paléolithique final).

Changement climatique, mutations économiques, sociales et culturelles

Microlithes (trapèzes) et flèche mésolithique provenant de la tourbière de Tværmose (Danemark).
Le Mésolithique couvre, en France, les périodes climatiques du Préboréal, du Boréal et du début de l'Atlantique ancien (selon la Classification de Köppen), marquées par le développement de la forêt tempérée.
Le Mésolithique est caractérisé par un certain nombre de changements comportementaux des groupes humains. Si certains de ces changements (réduction des territoires de chasse, développement de l'arc…) paraissent fortement liés aux modifications du milieu dus au réchauffement climatique post-glaciaire (reconquête forestière, disparition des grands herbivores migrateurs des steppes tels que le mammouth et le renne au profit des herbivores forestiers tels le cerf, sanglier, chevreuil ou du petit gibier), d'autres bouleversements dans les représentations artistiques et symboliques, le développement du microlithisme…) semblent liés aux dynamiques internes d'évolution des groupes humains4.
Ceux-ci conservent un mode de vie nomade ; cependant l'abondance et la diversité des ressources par rapport à l'âge glaciaire favorisent des déplacements sur des territoires plus restreints selon des rythmes saisonniers. Ainsi, un campement a des chances d'être occupé d'année en année à une saison donnée pour effectuer des opérations plus ou moins spécifiques au site. L'idée de sites « agora », qui auraient accueilli à des moments clefs des rassemblements de groupes vivant séparément le reste du temps, partageant néanmoins des frontières et des intérêts communs (échange de matériau par don / contre-don, exogamie, la chasse demandant des effectifs importants pour des battues…), a été avancée par certains chercheurs mais reste difficile à prouver4.
Les contacts entre les groupes sont néanmoins avérés par la diffusion de traits culturels (apparition du débitage Montbani, développement des trapèzes au sein du groupe des armatures de flèches…) sur des territoires importants. Les innovations semblent essaimer de proche en proche, avec traduction et ré-interprétation du groupe receveur en fonction de son propre système technique existant, les possibilités mécaniques des matériaux à disposition.
L’emploi de l’arc et de la flèche, en particulier, se généralise sur le continent européen et en Afrique. La microlithisation des armatures de chasse s'accentue par rapport à la période précédente. Ces petits éléments sont en règle générale réalisés en fracturant des lames essentiellement débitées dans du silex (mais également dans de l'obsidienne, des quartz…). Au début du Mésolithique, les armatures les plus courantes sont les pointes. Le stade moyen (autour de 8 000 BP) voit le développement des armatures triangulaires, alors que pour la période récente (6 500 BP), ce sont les trapèzes qui dominent les assemblages. L'utilisation de l'ensemble de ces armatures comme les pointes de flèches est probable même si les hampes ont le plus souvent disparu depuis longtemps. Les découvertes de flèches complètes (hampe et armature) sont rarissimes5.
La fin du Dryas récent6 correspondant au début de l'Holocène provoque en Europe la disparition des espaces steppiques au profit des boisements de reconquête (en France, pins, puis noisetiers au huitième millénaire, et enfin chênaie mixte au septième millénaire)7.
La chasse de petits mammifères et la consommation de mollusques (escargots, bigorneaux, patelles, etc.) se développent. En milieu côtier, la récolte de coquillages est assez développée et donne parfois lieu à la formation d'amas coquilliers (accumulation des déchets) qui ont pu servir de lieu de vie et parfois de sépultures.
Les principaux groupes mésolithiques, correspondant sans doute plus à des entités techniques qu'à de véritables cultures, sont le Sauveterrien, le Tardenoisien ou le Castelnovien en France, le Maglemosien, le Kongemosien au Danemark et la culture Kunda à l'est de la Baltique.

La nécropole de Téviec

De 1928 à 1934, un ensemble d'habitats et une nécropole mésolithiques ont été découverts et fouillés à Téviec par Marthe et Saint-Just Péquart8. Téviec fait partie des rares sites du Mésolithique subsistant en Bretagne, avec la pointe de la Torche, Hoëdic et Beg er Vil sur la presqu’île de Quiberon9.
Article détaillé : Téviec
Fin du Mésolithique
La fin du Mésolithique est caractérisée par le passage d'une économie mêlant chasse et agriculture embryonnaire à une économie agro-pastorale résultant de la domestication lors du processus de néolithisation. Le Mésolithique s'achève au plus tôt avec le début de la culture d'Argissa en Thessalie vers 7 800 BP et au plus tard vers 4 300 BP en Europe septentrionale2.

7 -  Le Néolithique 
( 11 000 à 5 300 BP)

C' est une période de la Préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie, la poterie, ainsi que le développement de l'architecture. Dans certaines régions, ces mutations sont telles que certains auteurs considèrent le Néolithique comme le début de la Protohistoire1.
Selon les aires géographiques considérées, ces importantes mutations sont relativement rapides et certains auteurs ont pu parler de « révolution néolithique ». La néolithisation est toutefois un phénomène progressif, survenu à des dates différentes selon les régions. Au Proche-Orient, le Néolithique débute vers 9 000 ans av. J.-C. Il prend fin avec la généralisation de la métallurgie et l’invention de l’écriture, vers 3 300 ans av. J.-C.

Apparition du concept et définition

Hache polie en diorite – Environs de Reims, France – Collection d’Alexis DamourMuséum de Toulouse
Le mot « Néolithique » (du grec νέος, néos, nouveau, et λίθος, líthos, pierre) désigne littéralement le « âge de la pierre nouvelle». Le terme de "Nouvel âge de la pierre" a été proposé en 1865 par le préhistorien John Lubbock2.
Le Néolithique a également été souvent qualifié d’« âge de la pierre polie » puisque dans de nombreuses régions il est marqué par la systématisation du polissage de certains outils de pierre. Il convient toutefois de souligner que le polissage est déjà connu au Paléolithique supérieur même s’il est très rare. Par ailleurs, les outils polis ne sont pas les seuls utilisés au Néolithique et le polissage suit presque toujours une phase de façonnage par percussionN 1.
Si la définition initiale est fondée sur une innovation technique, elle cède progressivement la place à une définition socio-économique : au Néolithique, les groupes humains n’exploitent plus exclusivement les ressources naturellement disponibles mais commencent à en produire une partie. La chasse et la cueillette continuent souvent à fournir une part substantielle des ressources alimentaires mais l’agriculture et l’élevage jouent un rôle de plus en plus important. L’agriculture implique le plus souvent l’adoption d’un habitat sédentaire et l’abandon du nomadisme des groupes de chasseurs-cueilleurs paléolithiques et mésolithiques.
Cette mutation a souvent été présentée comme un affranchissement vis-à-vis des contraintes environnementales : les groupes humains contrôleraient l’environnement et seraient à l’abri des disettes liées aux aléas climatiques. La néolithisation conduirait à une véritable explosion démographique. Les travaux d’ethnologues tels que Marshall Sahlins incitent à relativiser ces points de vue : une économie basée sur l’agriculture implique souvent un surcroît de travail et l’abondance des récoltes reste dépendante des conditions climatiques3, d'où la continuation des pratiques de chasse, pêche et cueillette pour pallier d'éventuels manques de nourriture liés à de mauvaises récoltes, ainsi que pour varier les goûts d'un régime alimentaire peut-être trop homogène. La forte croissance démographique liée à l'adoption de l'agriculture reste avant tout théorique et difficilement démontrable scientifiquement, bien que certains chercheurs soutiennent cette hypothèse sur la base des données fournies par l'étude des squelettes découverts dans les plus anciens sites néolithiques4.
Le concept de « neolithic package » (paquet néolithique) correspond aux innovations techniques, espèces domestiquées (mouton, chèvre, bœuf) et culture matérielle (en) caractéristiques de la période néolithique en Europe et Asie de l'Ouest5. Toutefois, ce concept ne peut être appliqué de manière systématique puisqu'il tend à amoindrir les particularités socio-culturelles créées par les interactions entre groupes à l'échelle locale et micro-régionale.

La « révolution néolithique »

Article détaillé : révolution néolithique.
L’expression « révolution néolithique » a été introduite par l’archéologue australien Vere Gordon Childe6,7,8. Elle fait référence à un changement radical et rapide, marqué par le passage d’une économie de prédation (chasse, cueillette) à une économie de production (agriculture, élevage)9.
Cette hypothèse d'un changement rapide, si elle est encore largement discutée par les préhistoriens, s'oppose aujourd'hui à la théorie d'une évolution plus progressive10,11. En effet, l’adoption de l’agriculture ne s’avère pas aussi rapide qu’on pouvait le croire durant la première moitié du XXe siècle. De plus, elle n’est ni synchrone à l’échelle des différents continents, ni universelle. Les premiers agriculteurs exploitaient encore les ressources naturelles et certains groupes ont conservé une économie de chasseur-cueilleur jusqu’à nos jours. Il existe également des exemples de groupes de pasteurs nomades. L'adoption d'une économie de production semble être un phénomène progressif, initié selon certains auteurs dès le début du Mésolithique12.
Si la néolithisation est une des étapes majeures de l'aventure humaine, au même titre que la domestication du feu ou la révolution industrielle, le fait de la qualifier de révolution a été critiqué, dans la mesure où l'adoption des innovations qui la caractérisent n'est ni brutale, ni simultanée9.

Chronologie

Chèvre domestique
La chronologie du Néolithique est particulièrement délicate à établir puisqu'elle diffère en fonction des régions du monde et en fonction des critères de définition que l'on retient. Plutôt qu'une époque, le Néolithique est considéré par certains auteurs comme un stade culturel défini par un ensemble de traits techniques, économiques et sociaux9.
Il existe toutefois un consensus assez large pour reconnaître qu'un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe dans le croissant fertile, au Moyen-Orient. Vers le milieu du IXe millénaire av. J.-C., les groupes humains, déjà en partie sédentaires, commencent à y domestiquer les animaux (mouton, chèvre) et les plantes (blé, orge suivis de légumineuses) dans un but alimentaire. Au cours du VIIIe millénaire av. J.C., les premières poteries apparaissent, elles se généralisent au cours des millénaires suivant.
Les nouvelles connaissances et les nouvelles pratiques qui caractérisent le Néolithique du Proche-Orient vont progressivement gagner l'Europe de l'Ouest et le pourtour de la Méditerranée à partir de 7 000-6 500 av. J.-C. Elles suivent différentes voies et différents moyens de propagation, qu'il s'agisse de diffusion des pratiques ou de migrations de populations. D'autres régions du monde connaissent un processus de néolithisation totalement indépendant du Proche-Orient et de l'Europe, par exemple en Asie de l'est et du Sud-Est, en Océanie, en Afrique subsaharienne et sur le continent américain.
D'autres foyers de domestication des plantes et des animaux  :
Variétés péruviennes de maïs
La datation de la fin du Néolithique est également problématique. Si l'on ne considère que la période chronologique, elle prend fin avec le développement de l'utilisation technique des métaux et le début de l'âge du bronze, soit vers 2 100 av. J.-C. en Europe occidentale. Le Chalcolithique est une période intermédiaire marquée par l'émergence du travail de certains métaux (cuivre, or, argent) mais encore rattachée au Néolithique par de nombreux aspects (industrie lithique et osseuse, céramique, mégalithisme).

Le Néolithique dans le monde

Article détaillé : Groupes du Néolithique en France.

Innovations techniques

Haches polies découvertes dans le dépôt de Bernon (Arzon, Morbihan).
Ces pièces de grandes dimensions (15 à 28 cm) datent du Ve millénaire av. J.-C.. Certaines sont en fibrolite locale, d'autres sont en roches vertes alpines et ont probablement été obtenues par échange.

Pierre polie

Préforme de hache en pierre avant polissage
Hache en pierre partiellement polie : la phase de façonnage est encore perceptible
La technique du polissage est utilisée dès le Paléolithique supérieur pour le travail des matières dures animales (os, bois, ivoire) mais aussi, plus rarement, de la pierre, notamment au Japon et en Chine. Elle est également attestée ponctuellement dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs, comme dans le Mésolithique de la plaine russe ou chez les aborigènes d'Australie.
Toutefois la généralisation du polissage n’intervient qu’au Néolithique avec le développement des travaux de défrichage liés à l’agriculture. Cette technique permet en effet d’obtenir des haches et des herminettes aux tranchants réguliers et très résistants, qui pourront trancher les fibres du bois sans s'esquiller. Il est important de souligner que le polissage n’est que la dernière étape de la fabrication de la lame de hache et qu’elle intervient après un façonnage généralement bifacial.
Les outils de pierre polie sont réalisés à partir de roches dures (silex) ou de roches vertes tenaces, éruptives (basaltes, dolérites…) ou métamorphiques (amphibolites, éclogites, jadéites…). Les roches tenaces sont parfois travaillées par sciage ou bouchardage avant d’être polies. Le polissage s’effectue par frottement sur un polissoir dormant ou mobile (grès, granite, silex…)13,14.
L'archéologie expérimentale a permis de montrer que le rendement du polissage à la main sur certaines roches très dures était de l'ordre de 5 à 20 g par heure, soit jusqu'à une centaine d'heures de travail pour certaines grandes haches. Dans ces conditions, il peut paraître surprenant que le polissage s'étende à toute la surface de l'outil et pas seulement la zone active. Le soin apporté à la confection des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais également esthétiques et sociales. Ce dernier point est appuyé par des études réalisées en contexte ethnographique15.

Débitage et retouche par pression

Parallèlement au polissage, d’autres méthodes sont développées pour produire des outils et des armes de chasse. C’est le cas du débitage par pression, qui permet d’obtenir des lames et des lamelles très régulières. La retouche par pression, employée dès le Solutréen en Europe mais aussi beaucoup plus tôt dans le Middle Stone Age sud-africain16, revêt une grande importance au Néolithique pour la finition de certaines armatures telles que les pointes de flèches à pédoncule et ailerons.

Céramique

Poterie du Jōmon naissant, environ 10 000 à 8 000 ans av. J.-C.
La céramique est souvent considérée comme une invention des groupes humains du Néolithique. L'utilisation de terre cuite à des fins non utilitaires est toutefois attestée dès le Paléolithique supérieur, notamment pour la réalisation de certaines Vénus gravettiennes17. Des figurines animales en terre cuite très anciennes sont également connues dans les sites ibéromaurusiens d'Afrique du Nord, dont l'âge est estimé à 20 000 ans BP.
La poterie (au sens originel de fabrication de récipients en terre cuite) fait son apparition chez plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs en voie de néolithisation en Russie, en Scandinavie, en Chine et surtout au Japon, durant la période Jōmon. La poterie Jōmon apparaît entre 15 000 et 12 000 ans av. J.-C.18.
Céramique linéaire du Rubané
Elle a également été inventée indépendamment et relativement anciennement au Proche-Orient : elle est attestée à Ganj-i Dareh (Iran) vers 7 000 ans av. J.-C., à Tell Mureybet19 (Syrie) entre 7 000 et 8 000 ans av. J.-C. Il s'agit toutefois d'une invention en partie sans lendemain puisqu'il existe en Syrie et en Palestine un Néolithique précéramique qui perdure jusqu'au début du VIe millénaire av. J.-C.
Expansion néolithique de la Culture cardiale et de la Culture rubanée en Europe
La céramique est définitivement adoptée autour de 6 000 ans av. J.-C. en Syrie ; elle est attestée à Jarmo (Irak) vers 5 400 av. J.-C. et peu après en Asie mineure, dans les Balkans puis en Méditerranée occidentale. L'invention de la céramique est une étape majeure dans le développement des techniques humaines : il s'agit d'un matériau dont la transformation est irréversible. En effet, on ne peut pas obtenir de nouvelle argile à partir d'une terre cuite, car la structure moléculaire en a été irrémédiablement modifiée, alors que les outils en métal, même des alliages, peuvent à nouveau fournir les métaux qui les constituent.
La céramique est également une source d'information précieuse pour les archéologues : elle est à la fois relativement simple à fabriquer et assez fragile, tout en se conservant généralement bien. Elle va donc se renouveler et évoluer rapidement, donnant lieu à d'innombrables variantes en termes de formes et de décors, et ainsi servir de marqueur des différents courants culturels du Néolithique.

Métallurgie

La fin du Néolithique est également marquée par l'émergence de la métallurgie. La production d'objet en métal est attestée dès le VIIIe millénaire au Proche-Orient et en Anatolie20. Il s'agit de petits objets en cuivre réalisés par martelage à froid. La fusion du métal est plus tardive et n'est attestée jusqu'à présent qu'à la fin du VIe millénaire. Longtemps, l'apparition et le développement des objets en métal définissait le début de l'Âge des métaux qui débutait par l'Âge du Cuivre, et était suivi par l'Âge du Bronze et l'Âge du Fer. Dans de nombreuses régions, l'utilisation de l'expression "Âge du Cuivre", ou "Chalcolithique" ou parfois "Énéolithique" tend à disparaître au profit d'expressions comme "Néolithique final" car en dehors de l'apparition et du développement très progressif des objets en métal, l'organisation sociale ne semble par marquer de ruptures fondamentales par rapport aux autres sous-périodes du Néolithique.

Débuts de l'agriculture et changements dans la société

Articles détaillés : Origines de l'agriculture et Domestication.
L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations néolithiques les plus lourdes de conséquences en ce qui concerne l'organisation sociale. La sédentarisation a longtemps été considérée comme une conséquence de l'agriculture ; il est désormais acquis qu'elle l'a au contraire précédée, notamment au Natoufien. Le climat particulièrement favorable du croissant fertile permettait à des groupes de chasseurs-cueilleurs d'assurer leur subsistance grâce aux abondantes céréales sauvages de la région21. La pression démographique aurait conduit ces groupes à s'étendre vers des régions moins favorables où il était nécessaire de prendre soin des céréales et des légumineuses pour en tirer pleinement parti22.
Pour J. Cauvin, l'explication de l'apparition de l'agriculture ne peut toutefois se résumer à des pressions environnementales ou démographiques mais est plus vraisemblablement socio-culturelle. Pour la première fois, les groupes humains ne se scindent pas lorsqu'ils atteignent le seuil critique au-delà duquel des tensions internes apparaissent : l'agriculture serait une solution pour créer de nouveaux rapports sociaux23,24. Ces nouvelles structures sociales seraient même entraînées par un changement cognitif apparent chez l'humain, impliquant une évolution de son rapport avec son environnement naturel, ce que J. Cauvin identifie dans une « révolution des symboles »23.
Il est peu probable qu'il existe une explication unique à l'adoption de l'agriculture dans les différents foyers de néolithisation à travers le monde : le mil est domestiqué au Sahara, l'orge, le blé et l'engrain au Moyen-Orient, le chanvre en Asie (montagnes de l'Inde et du Pakistan, plaines de l'Asie centrale ou région moyenne du fleuve Jaune)25, le millet (Setaria italica) dans le bassin du fleuve Jaune, le riz dans le bassin du Yangzi Jiang en Chine, des plantes à tubercule en Asie du Sud-Est, le sorgho au Sahel, etc. Le radoucissement climatique consécutif à la fin de la Dernière Glaciation favorise la croissance des plantes, et la réussite de cette stratégie de subsistance. La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps utilisées parallèlement à la culture et à l'élevage.
Si le chien a été domestiqué dès le Paléolithique26,27 par des chasseurs-cueilleurs, au Néolithique les animaux commencent à être domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle, intervient plus tardivement. Le choix se porte sur quelques espèces, les plus dociles ou les plus prisées. Au tout début du Néolithique, il est évidemment souvent très délicat de déterminer si des restes osseux appartiennent à un animal sauvage ou domestique, tant ils sont encore proches. Les dates de domestication des différentes espèces sont donc sujettes à de nombreux débats (voir dates et lieux de domestication).

Apparition de la hiérarchisation, de la guerre et des États

L'apparition et le développement de la différenciation sociale et de la hiérarchisation font encore l'objet de nombreuses conjectures. Aucun consensus clair ne se dégage dans la communauté scientifique. Certains suggèrent que l'apparition du stockage des aliments et la constitution de réserves ont eu pour effet indirect un début de hiérarchisation de la société, avec la mise en place progressive d'une classe de guerriers pour protéger les champs et les réserves de la convoitise des groupes voisins. Le niveau supérieur de l'hypogée de Roaix (Vaucluse), daté de 2 090 ± 140 av. J.-C., a livré les squelettes imbriqués d'une quarantaine d'individus, hommes, femmes ou nouveau-nés, dont certains présentaient des pointes de flèches fichées dans les os du bassin ou au milieu du thorax : il s'agirait de l'une des plus anciennes preuves d'inhumation collective à la suite d'un massacre et de l'un des premiers témoignages de guerre28,29. Courtin lui-même précise, dans son interview, que "...cette version est maintenant contestée par une thèse récente (ce serait une couche de mortalité normale d'un village)...". Il faut parler, de toute façon, de combats sporadiques, s'ils ont vraiment eu lieu. Les connaissances des préhistoriens ne permettent pas aujourd'hui de parler de "guerre" au Néolithique. Inférer sur des causes de massacres tout à fait putatifs ne peut conduire à considérer que les hommes du Néolithique étaient guerriers et encore moins qu'ils nous auraient légués une sorte de violence génétique. Il semble que les conditions sociales, la culture et l'apprentissage aient, par contre, joué un rôle déterminant dans les évolutions de la période. L'absence ou la réalité de conflits éventuels entre groupes humains semblent, durant cette période comme aujourd'hui, indissociables de ces trois éléments.

Sédentarisation et apparition des premières villes

Comme évoqué précédemment, dans certaines régions la sédentarisation a précédé la découverte de l'agriculture, lorsque l'environnement apportait une subsistance suffisante tout au long des saisons. Par ailleurs, celle-ci n'entraîne pas toujours la sédentarisation complète, certains groupes de pasteurs étant également nomades. Il existe également, en Inde et en Amazonie, des exemples de groupes d'agriculteurs nomades qui ne restent sur un territoire donné que le temps d'une récolte.
Mais l'agriculture impose généralement de se fixer quelques mois, le temps de faire les récoltes, à quelques années, le temps que la terre s'épuise. Des constructions durables apparaissent, en torchis et en pierre, remplaçant les huttes de peaux des chasseurs-cueilleurs. Quand ces constructions se regroupent, naît alors le village. L'une des plus anciennes agglomérations est celle de Jéricho : les premières constructions de pierre y sont datées d'environ 9 000 ans av. J.-C. Elles sont légèrement antérieures à celles de Jarmo et de Choirokoitia, à Chypre. L'agglomération de Çatal Hüyük, en Turquie, est l'exemple le plus éclatant d'une sédentarisation aboutie : extension sur 12 hectares, maisons à un étage en briques crues, toits en terrasses, peintures murales, il y a environ 8 500 ans. Dans la mesure où elle ne présente pas de véritable plan urbanistique, il convient toutefois de la considérer comme un grand village plutôt que comme une ville ou une proto-ville.
La fin du Néolithique en Europe est également connue pour ses « cités lacustres », qui ont déchaîné l'imagination des préhistoriens du début du XXe siècle. Il apparaît que si certaines habitations étaient parfois édifiées sur pilotis, le plus souvent elles étaient construites en bordure de lacs et n'ont été submergées que bien plus tard. Ces sites sont caractérisés par une conservation exceptionnelle des matériaux organiques. L'un des plus célèbres est celui situé au bord du lac de Chalain dans le Jura. Il existe de nombreux sites témoignant de ce type d'habitats lacustre dans l'arc Alpin,en Suisse (site de Bevaix et d'Auvernier à Neuchâtel).

L'art

Article détaillé : Art néolithique.
Combat d'archers dans un abri de Morella, Espagne.
L'art néolithique est extrêmement diversifié dans ses expressions. Les artistes du Néolithique s'expriment à travers la décoration des objets utilitaires (céramique, haches polies) mais aussi par la réalisation de sculptures, de parures et d'œuvres rupestres.

L'art néolithique vu par Élie Faure

Le passage du Paléolithique au Néolithique nous est raconté, du point de vue artistique, par un des plus grands auteurs d'histoire de l'art, Élie Faure. « Au début, tout, pour le primitif, est naturel, et le surnaturel n’apparaît qu’avec le savoir », nous dit-il.
Mais la religion estompe l'art pour établir sa supériorité. C’est sans doute ce qui arrivera au Néolithique, environ 6 000 ans après l’engloutissement, sous les eaux du déluge, de la civilisation du renne. Des changements climatiques interviennent, la planète à nouveau se réchauffe, les glaciers fondent et les eaux montent.
Quand enfin de nouvelles conditions climatiques se stabilisent et que renaît la civilisation, c’est sous une autre forme. Celle du chasseur de renne est morte à jamais car les rennes ont migré vers le grand Nord (Sibérie, Scandinavie)et les cervidés les ont remplacés autant dans l'art rupestre et pariétal que dans le quotidien. Nous sommes au Néolithique, l’homme est plus agriculteur que chasseur. Graines et animaux sont domestiqués, les tribus reconstituées se sédentarisent, les premières grandes cités apparaissent au Moyen-Orient et en Asie mineure.
Figurine anthropomorphe, Grèce
Voici surgir l'aube d’une nouvelle civilisation, « glacée par une industrie plus positive, une vie moins puissante, une religion déjà détournée de la source naturelle », dit Élie Faure. « Une civilisation à tendance scientifique prédominante », n'est-ce pas déjà la nôtre ?
Les belles formes mouvantes peintes sur les parois des cavernes du Paléolithique disparaissent à jamais. Dans ce monde de la pierre polie qui succède à celui de la pierre simplement éclatée déjà se profile le rationalisme du futur âge industriel. Il y a comme une marque de réprobation et probablement d’interdiction religieuse dans ce tabou vis-à-vis des formes humaines et animales. La religion nouvelle, outre à faire naître autant de dieux que d'hommes, se base sur l'astronomie davantage que sur la vie. L'esprit est tout, la forme dédaignée, avant d'être maudite parce qu'on y voit quelque « mauvais esprit » ou « mauvais œil », obstacle à la libération morale à venir au cours des millénaires jusqu'à nous, héritiers directs du Néolithique.
Alignement du quadrilatère du Manio, près de Carnac, France
« Une silhouette de mammouth à demi effacée sur la paroi d’une caverne nous en dit plus sur l’esprit de l’homme qui l’y a gravée en quelques heures, qu’une plaine couverte de mégalithes sur des foules qui ont mis des siècles à les dresser », dira Élie Faure.

Génétique

La question de savoir si l'agriculture s'est répandue au gré des migrations humaines ou par la diffusion des idées et des techniques agricoles est toujours débattue mais depuis 2010, plusieurs études de la diversité génétique des populations modernes viennent quelque peu éclaircir la situation.
En janvier 2010, dans une étude scientifique financée par le Wellcome Trust sur la diversité génétique des populations modernes, des chercheurs de l'université de Leicester au Royaume-Uni ont étudié des échantillons de toute l'Europe, dont des Français de plusieurs régions (Finistère, Pays basque, Vendée, Haute-Garonne…), et établi que la plupart des hommes européens, descendent d'agriculteurs migrants qui sont arrivés du Proche-Orient il y a entre 5 000 et 10 000 ans. Le professeur Mark Jobling, qui a conduit l'équipe de recherche, déclarait ainsi : « Nous avons étudié la lignée la plus répandue du chromosome Y en Europe, qui correspond à environ 110 millions d'hommes : elle montre un gradient régulier du sud-est vers le nord-ouest, atteignant presque les 100 % en Irlande. Nous avons étudié la répartition de cette lignée, sa diversité dans les différentes régions d'Europe, et son ancienneté. » Les résultats suggèrent que cette lignée R1b-M269 (tout comme les lignées E1b1b et J) s'est répandue avec l'agriculture, depuis le Proche-Orient. Le Dr Patricia Balaresque, auteur principal, déclarait : « Au total, plus de 80 % des chromosomes Y des européens viennent de ces agriculteurs. Par opposition, la plupart des lignées génétiques maternelles semblent venir des chasseurs-cueilleurs. Ceci suggère un avantage reproductif des agriculteurs sur les hommes locaux, lors de l'abandon des pratiques de chasse et de cueillette. »30,31,32.
Toutefois, selon des études génétiques plus récentes, l'haplogroupe R1b-M269, qui représente 60% des lignées masculines en France, pourrait être associé, non pas aux fermiers du Néolithique, mais aux Proto-Indo-Européens arrivés en Europe durant l'Âge du bronze et qui auraient remplacé une grande partie de la population néolithique masculine existante33,34.
Les populations celtiques seraient caractérisées par différents sous-groupes de l'haplogroupe R1b-M269 introduit en Europe par ces migrations indo-européennes35.

( 9 500 à 4 300 BP)

Le chalcolithique (parfois appelé par de rares auteurs épinéolithique) est une période de la protohistoire1. Il est originellement défini comme une transition entre le Néolithique et l'Âge du bronze.

Caractéristiques

Diffusion de l'utilisation du cuivre natif au chalcolithique :
  •      7500 av. J.-C.
  •      7500 – 7000 av. J.-C.
  •      7000 – 6500av. J.-C.
  •      6500 – 5500 av. J.-C.
Le terme « chalcolithique » a été forgé par les préhistoriens à partir des racines grecques khalkos (cuivre) et lithos (pierre). Ainsi, le chalcolithique est la « période où un outillage, principalement en pierre, peut être complété par des objets en cuivre travaillé », caractéristique, en archéologie, de certaines cultures de la fin de l'Europe néolithique.
Parfois utilisé dans un sens chronologique, le chalcolithique désigne alors un improbable « âge du cuivre » que dément formellement la juxtaposition de cultures contemporaines chalcolithiques, Néolithique et du bronze ancien sur des territoires voisins, notamment en France. Les archéologues italiens préfèrent quant à eux désigner l'équivalent sous le nom d'« énéolithique »[réf. nécessaire].
En Europe, certaines cultures s'imposent durant cette période, telles que le campaniforme, la céramique cordée, les catacombes, Vučedol, etc. Du chalcolithique moyen date la fondation de la première ville en Europe, sur le site de Solnitsata, construite autour de la production de sel.
Le chalcolithique s'éteint au nord des Alpes après 2300 avant notre ère mais à une époque antérieure dans le sud-est du continent2.

( 5 000 à 3 000 BP) 


L’âge du bronze est une période de la protohistoire caractérisée par l’usage de la métallurgie du bronze, nom générique des alliages de cuivre et d’étain. Aujourd’hui, il est admis que cette période succède à l’âge du cuivre ou chalcolithique et précède l’âge du fer, dans les régions du monde où ces catégories sont pertinentes. En effet, comme pour les autres périodes de la préhistoire, les limites chronologiques de l’âge du bronze varient considérablement selon l’aire culturelle et selon l’aire géographique considérées.
En gros, dans les régions de monde où il particulièrement significatif et étudié, l'âge de bronze s'étend sur une période de 2000 ans, de 5000 à 3000 avant le présent, mais avec néanmoins de grandes variations suivant les aires considérées. Il est plus difficile à identifier dans certaines parties du monde, telles que l’Amérique latine où les civilisations précolombiennes connurent une métallurgie de l’or et du cuivre jusqu’à la conquête espagnole.

( à partir de 3 100 BP)
 
L'âge du fer est une période chronologique caractérisée par l'usage de la métallurgie du fer et faisant généralement suite à l'âge du bronze. Cependant, les limites chronologiques de l'âge du fer varient considérablement selon l'aire culturelle et géographique considérée. Ainsi peut-il être considéré comme appartenant à la Préhistoire, à la Protohistoire ou l'Histoire selon les aires géographiques considérées.
L'âge du fer débute vers 2650 av. J.-C. en Afrique1, vers 1100 av. J.-C. dans le monde méditerranéen et vers 800 à 700 av. J.-C. dans le nord de l'Europe2.
La métallurgie du fer nécessite une température plus élevée que celle du bronze et donc la connaissance technique d'un four portant à une température de 1 500 °C3.

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