Trois réconciliations nous intéressent: nous, en tant que non-vivants, nous, en tant que vivants non-humains et nous en tant qu'humains.
Y en-t-il que trois?
C'est douteux. Il y en a peut-être des dizaines, des centaines voire
bien plus encore. Le raisonnement à trois temps est souvent utilisé chez
les savants et les non-savants car il semble être un facilitateur de la
mémorisation. Eh bien, nous en restons à trois et il y a trois parties à
ce livre: la réconciliation des humains avec le non-vivant, la
réconciliation avec les vivants non-humains et la réconciliation avec
tous les humains.
Qu'entendons-nous par réconciliation?
Trois faits très simples: nous sommes des non-vivants, nous sommes des
non-humains et tous les humains sont des humains. En d'autres mots, il
n'y a aucune différence de nature entre ces trois existences mais
seulement une histoire différente qui nous donne la forme que nous
avons. Mais pourquoi faut-il se réconcilier? Nous sommes-nous fâchés un
jour au point que nous devions nous excuser mutuellement? Nous voulons
nous réconcilier parce que lorsque nous parlons de non-vivant, des
vivants-non-humains et de tous les humains, il y a un grand nombre de
personnes qui ne cessent de dire que la matière est morte, que les
vivants non-humains ne pensent pas et que les humains se divisent en des
milliers de groupes, de sous-groupes t d'individus complètement
différents les uns des autres.
Commençons par le non-vivant.
Nous partons de l'idée que tous les humains comme tous les vivants sont
composés uniquement des éléments et des corps composés de ces éléments
qui figurent dans le tableau de Mendeleïev. Cela signifie que si un
laboratoire scientifique prenait un humain et en extrayait tous les
composants, on n'y trouverait que les éléments dont nous avons parlé
précédemment. Ni "pensée", ni "âme" ni tout autre esprit ne resterait au
fond de l'éprouvette. Hélas, cette expérience est impossible. Nous
sommes autorisés à travailler sur des corps humains morts mais jamais on
ne pourrait se saisir d'un humain dans sa pleine capacité de vie afin
de le réduire en ses parties élémentaires. Il nous reste quand même une
solution: l'hypothèse. Tant que personne ne parviendra à démontrer le
contraire, nous estimons que l'humain n'est constitué que de non vivant,
comme les vivants-non humains ou le non-vivant. L'univers actuel est le
résultat du Big Bang d'il y a 13,7 milliards d'années. Les humains
vivent sur la Terre qui représente 0,01% du système solaire, le Soleil
n'est qu'une étoiles parmi les trilliards de trilliards de trilliards
d'étoiles qui selon comme l'écrit André Brahic dans "Enfants du Soleil"
(1999). Cela nous oblige un grand écart pour mettre d'un côté, un humain
et de l'autre, l'univers. Mais c'est une spécificité de ce livre: nous
allons devoir faire un très grand nombre de grand écart. J'existe? Oui.
L'Univers existe? Oui. Donc tout va bien... à condition de ne jamais
réduire l'un des termes de notre sujet. Il y a un très grands nombres de
savants qui étudient l'Univers et qui probablement - ils sont les
premiers à l'avouer - n'en connaissent qu'une partie infinitésimale. De
l'autre côté, il y a encore plus de savants et de non-savants qui
étudient les hommes et qui très souvent avouent n'en connaître que bien
peu. Ce livre exige donc que nous fassions sans cesse de gigantesques
grands écarts dans le but de ne jamais nous livrer à un quelconque
réductionnisme.
Que dire des vivants non humains?
Les vivants que nous connaissons sont tous terrestres. Il ne concerne
que la planète Terre. Y en a t il ailleurs? Nos analyses actuelles du
système solaire nous laissent croire qu'il n'y en a que sur notre
planète. Même s'il est possible que nous en trouvions de minuscules
traces, des vivants en quantité et en qualité de ceux qui existent ici,
il n'y en a nulle part ailleurs depuis Mercure jusqu'à Neptune. Qu'en
est-il du reste de l'Univers? Nul signe de vie ne nous est parvenu à
l'heure actuelle. Et même si nous en avions, l'étoile la plus proche est
l'étoile Proxima Centauri située à environ 4,2 années lumières soit
plus de 39 736 milliards de kilomètres. Si nous avions un vaisseau qui
voyageait à la vitesse de la lumière, il faudrait plus de 4 ans pour s'y
rendre. La sonde spatiale le plus rapide Stardust évolue à 12 900 m/s
alors que la vitesse de la lumière est de 299 792 458 m/s soit 23240
fois supérieure. A cette vitesse, il faut donc 97 606 années pour nous y
rendre. Mission impossible. Ce type de déclaration devrait calmer
toutes velléités de recherches de vivants en dehors du système solaire.
Mais voilà un nouveau grand écart à assumer. Nous avons une certitude:
rien ne prouve qu'il n'y pas de vivants ailleurs dans l'Univers. Et
c'est encore une hypothèse négative. Revenons sur Terre. Le système
solaire date de 8 milliards d'années soit 5,3 milliards après le Big
Bang. La Terre est refroidie depuis 5 milliards d'années et on parle de
prémices de vivants, entre 4 et 3 milliards d'années. Le non-vivant se
divise en deux parties: une gigantesque, non-vivante et une minuscule,
les vivants. C'est peut-être ici l'occasion de dire que nous ne parlons
jamais de la vie mais toujours des vivants: la vie n'apparait jamais, ce
sont toujours des individus qui apparaissent. La vie n'existe pas alors
que le non-vivant, la non-vie existe. C'est l'une des grandes
différences entre les vivants - qui sont toujours au pluriel - et le non
vivant qui est toujours au singulier. Il y a un troisième grand écart à
assumer: tous les vivants actuels ont une seule et unique origine: la
passage du non-vivant aux vivants à travers des milliards d'années mais
ce n'est qu'une question de temps et de durée. Une partie des vivants
simples d'origine deviennent il y a 1 à 2 milliards d'années, des
cellules avec noyau et molécule ADN. On les appelles les vivants
eucaryotes: les uns trouvent leurs ressources de vie dans le soleil et
l'eau environnante où il y a des quantités gigantesques de particules de
non vivant assimilables et les autres trouvent leurs ressources de vie
en se nourrissants d'autres cellules. Les premières s'appellent cellules
autotrophes et les secondes, des cellules hétérotrophes. Les premières
sont à l'origine du règne végétal et les secondes, du règne animal. Les
végétaux n'ont pas besoin d'être mobiles: ils n'ont pas cerveaux. Les
animaux doivent être mobiles pour trouver leurs ressources de vie. Ils
ont un cerveau. La plupart des vivants ont une molécule ADN qui va du
plus simples pour les vivants minuscules au plus importante et plus
complexes qu'ils soient végétaux ou animaux. Les animaux ont en outre un
cerveau, des plus simples aux plus complexes selon leur dimension et
leur histoire. Tous les vivants sont en quête des ressources de vie -
c'est une formulation plus précise que de dire qu'ils vivent voir
survivent car sans ressources de vie, pas de vivant. Tout vivant est
également en quête de ressources de reproduction car sans ressources de
reproduction pas de vivant. Dans ces deux cas, nous avons une
application simple de la théorie du mieux adapté de Darwin: ne vivent
que ceux qui trouvent des ressources de vie donc les vivants sont en
quête permanente de ces ressources. De même que ne vivent que ceux qui
sont nés d'où la quête permanente des ressources de reproduction. A
l'origine, les vivants monocellulaires se reproduisent par scissiparité:
une mère se divise en deux filles. Une fois que ce sont créer des
coopération et des corps multicellulaires, apparaît la sexualité: sur 80
types de cellules spécialisées, il y a une qui sert à "reproduire à
l'identique" le vivant parent, en fait l'union au sens de la théorie des
ensembles, de deux vivants dont l'un est mère ou féminin et l'autre est
père ou masculin. Dernière remarque: la quête des ressources de vie
concerne un individu - un humain ou une plante - mais la quête des
ressources de reproduction concerne une espèce donnée - les humains ou
les chênes pédonculés.
Enfin voici l'humain.
C'est une espèce vivante. En cela elle n'est composée que de non vivant
et toutes ses cellules comportent une molécule ADN qui correspond à son
espèce mais sa molécule ADN est l'une des plus complexes. C'est un
animal qui possède un cerveau mais c'est le plus complexe, également.
Nonobstant ces deux extrêmes complexités; c'est un vivant comme tous les
vivants et un animal comme tous les animaux. Elle se sépare de l'ordre
des primates, il y a 7 millions d'année. Et
elle sort pour la dernière fois d'Afrique, il y a 70 000 ans.
Mais il pense ....
Il
n'est pas seul à penser. Tous les animaux ont un cerveau. Donc ils
pensent. Tous les végétaux ont des cellules avec des molécules ADN. Donc
ils pensent. Mais le non vivant ne pense pas? Voilà la grande erreur:
comment le non-vivant peut-il être à l'origine d'ensembles qui pensent
si lui même ne pense pas? Il nous faut tout une livre pour expliquer
cette idée qui est refusée par un grand nombre d'humains: c'est le cœur
même de notre triple réconciliation.
mercredi 30 décembre 2015
mardi 29 décembre 2015
Annexe 17 - Yuval Noah Harari
Le professeur Yuval Harari est l’auteur du bestseller international Sapiens: une brève histoire de l’humanité.
Il est né à Haifa, en Israël en 1976. Il a obtenu son doctorat à l’Université d’Oxford en 2002, et est à présent maître de conférence pour le Département d’Histoire de l’Université hébraïque de Jérusalem.
Il s’est spécialisé dans l’histoire du monde, l’histoire médiévale et l’histoire militaire.
Le professeur Harari dispense également un MOOC (Massive Open Online Course) intitulé : « Une brève histoire de l’humanité »
Le professeur Harari a remporté le « prix Polonsky pour la Créativité et l’Originalité » à deux reprises, en 2009 puis en 2012. En 2011, il s’est également vu attribuer le « Society for Military History’s Moncado Award », pour ses articles exceptionnels sur l’histoire militaire. Un an plus tard, il était élu membre de la jeune Académie israélienne des sciences.
Yuval Harari a publié de nombreux livres et articles parmi lesquels :
Sapiens: A Brief History of Humankind. (Londres: Harvill Secker, 2014).
Special Operations in the Age of Chivalry, 1100-1550 (Woodbridge: Boydell & Brewer, 2007);
The Ultimate Experience: Battlefield Revelations and the Making of Modern War Culture, 1450-2000 (Houndmills: Palgrave-Macmillan, 2008);
“The Concept of ‘Decisive Battles’ in World History”, The Journal of World History 18:3 (2007), 251-266;
“Military Memoirs: A Historical Overview of the Genre from the Middle Ages to the Late Modern Era”, War in History 14:3 (2007), pp. 289-309.
“Combat Flow: Military, Political and Ethical Dimensions of Subjective Well-Being in War”, Review of General Psychology 12:3 (September, 2008), 2
and “Armchairs, Coffee and Authority: Eye-witnesses and Flesh-witnesses Speak about War, 1100-2000”, The Journal of Military History 74:1 (Janvier 2010), pp. 53-78.
1) Il y a 70 000 ans, il existait six différentes races d’hommes sur Terre. Ils étaient alors d’insignifiants animaux, dont l’impact écologique n’était guère supérieur à celui de nos lucioles et méduses actuelles. Aujourd’hui, une seule espèce demeure : l’Homo sapiens, mais il contrôle le monde.
Le livre Sapiens, nous entraîne dans une traversée à couper le souffle de l’histoire humaine et de son évolution, des origines jusqu’à l’âge du capitalisme et du génie génétique, pour tenter de comprendre pourquoi nous sommes tels que nous sommes.
Sapiens s’intéresse aux processus clés qui ont façonné l’humanité et le monde qui l’entoure, tels que l’introduction de l’agriculture, la création de la monnaie, la diffusion de la religion, et l’avènement de l’Etat nation. Contrairement aux autres livres dédiés au sujet, Sapiens adopte une approche pluridisciplinaire qui fait pour la première fois le lien entre histoire, biologie, philosophie et économie. Plus encore, en adoptant tantôt une perspective globale, tantôt un point de vue particulier, Sapiens décrit ainsi non seulement les événements tels qu’ils se sont produits, mais aussi la façon dont ils ont été vécus par les individus.
Sapiens nous invite à prendre conscience du lien entre les avancées passées et les préoccupations actuelles, mais aussi à questionner les grands récits de l’histoire du monde dont nous avons hérités. Les conclusions de l’ouvrage sont à la fois éclairantes et provocatrices. Par exemple :
- Nous dominons le monde car nous sommes les seuls animaux capables de
croire à des choses qui n’existent que dans notre imagination, tels que
les dieux, les Etats, l’argent, et les droits de l’homme.
Plus qu’une menace, les Sapiens sont de véritables tueurs en série de l’écosystème ; et ce, depuis l’âge de pierre, lorsque nos ancêtres, armés de leurs premiers outils, ont décimé la moitié des mammifères terrestres, bien avant l’arrivée de l’agriculture. - La Révolution agricole est la plus grande escroquerie de l’histoire – le blé a domestiqué l’homme et non pas l’inverse.
- La monnaie sous toutes ses formes est le système de confiance mutuelle le plus universel qui ait jamais été imaginé. La monnaie est une chose en laquelle tout le monde croit.
- L’empire est le régime politique qui a rencontré le plus de succès dans l’histoire de l’humanité, et notre époque caractérisée par un fort sentiment anti-impérialiste est une aberration qui n’est pas destinée à durer.
- Le capitalisme est plus une religion qu’une théorie économique, une
religion dont l’immense succès ne s’est pas démenti jusqu’à aujourd’hui.
Le traitement réservé aux animaux par l’agriculture moderne est probablement le crime le plus barbare de toute l’histoire. - L’individualisme a été soutenu par les États et les marchés comme un moyen de briser les familles et les communautés.
- Nous sommes infiniment plus puissants que nos lointains ancêtres, nous n’en sommes pas plus heureux pour autant.
- Les Sapiens vont bientôt disparaître. Avec le concours des nouvelles technologies, d’ici quelques siècles, voire quelques décennies, les Sapiens évolueront jusqu’à devenir des êtres totalement différents, bénéficiant de qualités et d’aptitudes comparables à celles de dieux. L’histoire a commencé lorsque les humains ont inventé les dieux – et s’achèvera lorsque les humains deviendront des dieux.
A l’heure actuelle, la majorité des grands animaux de la planète sont des animaux d’élevage qui vivent et meurent dans les rouages de l’agriculture industrielle. La terre accueille 7 milliards d’humains dont le poids total atteint presque 300 millions de tonnes. La terre accueille aussi près d’une douzaine de milliards d’animaux d’élevage – des vaches, des cochons, des poulets, etc. – dont la biomasse totale approche les 700 millions de tonnes. En comparaison, si vous prenez tous les grands animaux sauvages qu’il reste encore sur terre – tous les pingouins, les babouins, les alligators, les dauphins, les loups, les thons, les lions et les éléphants – et que vous les disposez sur une très grande balance, leur poids total sera inférieur à 100 millions de tonnes.
La disparition de la faune sauvage est une catastrophe d’une ampleur inouïe, mais la situation est tout aussi critique pour les animaux les plus nombreux de la planète – les animaux d’élevage. Récemment nous avons assisté à une prise de conscience croissante des conditions dans lesquelles ces animaux sont élevés, et le destin que nous leur réservons pourrait bien constituer le plus grand crime jamais perpétré dans l’histoire humaine. Si nous jugeons de l’atrocité d’un crime en fonction de l’ampleur de la souffrance et de la détresse qu’il cause à des créatures sensibles, cette affirmation radicale se justifie.
Il est indéniable que l’agriculture industrielle moderne a pour seul but le bénéfice de la race humaine, tandis que les animaux terminent inévitablement leurs vies à l’abattoir. Mais ce système ne profite-t-il pas également aux animaux par certains aspects ? Les vaches et les poulets ne se portent-ils pas mieux lorsque les humains leur apportent leurs soins ? Après tout, ils disposent d’autant de nourriture, d’eau qu’ils en ont besoin, mais aussi d’un abri, tout cela sans avoir à faire le moindre effort. Ils sont également protégés contre d’éventuels prédateurs ou maladies. Et même s’il est cruel pour un poulet de mourir à l’abattoir de la main d’un homme, en quoi cela est-il pire que de mourir dévoré par un renard ou un aigle ?
Pour comprendre en quoi ce raisonnement est fallacieux, et pour prendre la mesure de la condition absolument misérable des animaux domestiqués, nous devons nous appuyer sur les recherches approfondies menées par une nouvelle science, la psychologie de l’évolution. Du point de vue de la psychologie de l’évolution, le problème majeur de l’agriculture industrielle ne vient pas des abattoirs ou de l’exploitation des animaux, mais du mépris de leurs besoins subjectifs.
Même après la révolution agricole, le destin des animaux domestiqués a toujours été déterminé par deux facteurs :
1. Les envies des humains. L’homme recherche notamment la viande, le lait, la laine, ce qui lui permettra d’accroître sa force musculaire.
2. La nécessité d’assurer la survie et la reproduction des animaux. Si le cheval de labour meurt d’épuisement, ou bien si la vache laitière ne donne pas de veau, les choses se présentent mal pour les fermiers qui se retrouveront vite sans lait et sans personne pour tirer leurs chariots et leurs charrues.
En théorie, on pourrait penser que la nécessité de garantir la survie et la reproduction des animaux concourt à la préservation de leur bien-être. Mais en pratique, les choses sont différentes. Tout d’abord, les fermiers n’ont pas besoin d’assurer la survie et la reproduction de tous leurs animaux. Bien souvent, ils achètent un cheval de trait, l’exploitent jusqu’à la mort, et se contentent d’en acheter un nouveau ensuite. Plus important encore, si l’agriculture humaine a intérêt à assurer la survie et la reproduction des animaux d’élevage pour fonctionner, elle n’en a aucun à pourvoir à leurs besoins émotionnels et sociaux ; et pourtant, la satisfaction de ces besoins est essentielle à la survie et à la reproduction.
Comment les animaux pourraient avoir des besoins émotionnels et sociaux qui ne soient pas essentiels à leur survie et à leur reproduction ? Les théories de l’évolution ne nous enseignent-elles pas justement que les besoins se manifestent uniquement s’ils contribuent d’une façon ou d’une autre à la survie et à la reproduction ? Nous atteignons maintenant le cœur du problème. Si l’on en croit la psychologie de l’évolution, les besoins émotionnels et sociaux des vaches, des poulets se sont manifestés pendant des millions d’années à l’état sauvage, lorsqu’ils étaient effectivement indispensables à la survie et à la reproduction. Pourtant, au cours des derniers siècles – un battement de cil en termes d’évolution – les humains ont élaboré un système agricole artificiel qui permet aux animaux de survivre et de se reproduire même lorsque leurs besoins émotionnels et sociaux sont ignorés. Cependant, ces animaux continuent d’éprouver ces besoins émotionnels et sociaux, et s’ils ne sont pas satisfaits, les animaux souffrent terriblement.
Le bœuf par exemple est un animal social, les vaches et les taureaux à l’état sauvage doivent savoir comment communiquer et coopérer pour trouver de la nourriture, éviter les dangers, trouver des partenaires et élever leurs petits. Les jeunes veaux doivent apprendre les règles et les tabous de la société bovine, ou ils ne parviendront ni à se reproduire ni à survivre. Le veau, comme tous les autres rejetons des mammifères, se sociabilise par le jeu. L’évolution a doté le veau d’un profond besoin de jouer, et les veaux – tout comme les chiots, les chatons, et les enfants – passent la majeure partie de leur temps à jouer et à s’amuser si vous leur en laissez la possibilité.
Que se passe-t-il si nous isolons un jeune veau en l’enfermant dans une cage, que nous lui donnons de la nourriture, de l’eau et des soins, et que, lorsqu’il est arrivé à maturité, nous prélevons son sperme pour inséminer une vache ? D’un point de vue objectif, le veau n’a plus besoin de jouer ou d’entretenir des liens avec d’autres individus de son espèce pour survivre et pour se reproduire. Cependant d’un point de vue subjectif, le veau ressent toujours ce désir impérieux de jouer et de se sociabiliser. Si ce désir n’est pas satisfait, le veau en souffrira grandement. Un besoin déterminé par des millions d’années d’évolution à l’état sauvage continue d’exister pour les animaux une fois que nous les avons domestiqués, et ce, même s’il n’est plus, dans nos fermes industrielles, indispensable à leur survie et à leur reproduction.
A ce stade, on pourrait se demander si les animaux ont véritablement des désirs et des émotions. Peut-être pense-t-on que les animaux ressentent quelque chose – comme le désir de jouer – parce que nous les humanisons à tort. Pourtant attribuer des émotions aux veaux ne les humanise pas. On peut tout au plus considérer que cela revient à les considérer comme des mammifères, ce qui est tout à fait permis, puisque effectivement ce sont des mammifères. Les sentiments et les émotions sont des mécanismes communs à tous les mammifères, qui leur permettent de s’adapter. Les zones du cerveau humain dédiées aux émotions primaires comme la peur, la colère, l’instinct maternel, sont très similaires à celles des autres mammifères. En effet, la définition même du mammifère se fonde sur l’attachement entre une mère et ses petits. Le nom « mammifère » évoque les mamelles, source de lait. Une femelle mammifère a tellement d’amour pour ses petits qu’elle les nourrit avec son propre corps, et ils ne peuvent survivre sans elle. Pour une raison ou une autre, une femelle mammifère qui n’éprouve pas d’amour pour sa progéniture, ou bien un rejeton qui ne ressent aucun attachement pour sa mère, ont peu de chances de léguer leurs gènes à la postérité.
Le fait que les émotions soient fondamentales chez les mammifères a été prouvé dans les années 1950, après une série d’expériences très éprouvantes menées par le psychologue américain Harry Harlow. Harlow séparait des bébés singes de leurs mères quelques heures après la naissance. Chaque bébé singe était mis à l’écart dans une petite cage, dans laquelle Harlow avait préalablement installé deux mères factices. L’une d’elle était recouverte de fils métalliques et équipée d’une bouteille de lait à laquelle les bébés singes pouvaient téter. L’autre, de bois, était habillée de tissus qui lui donnaient l’apparence d’une vraie maman singe, sans qu’elle n’ait rien de concret à offrir au petit.
Dans les années 1950, l’étude psychologique de tous les animaux, humains inclus, était dominée par l’approche comportementaliste. Le comportementalisme réduisait considérablement l’importance des émotions, et soutenait que le comportement des animaux est déterminé par des besoins matériels comme celui de se nourrir ou de trouver un abri. On supposait donc que le bébé singe s’accrocherait à la mère nourricière métallique plutôt qu’à la mère de chiffons stérile. Et pourtant, à la surprise générale, les bébés singes montrèrent une nette préférence pour la seconde, passant le plus clair de leur temps auprès d’elle. Lorsque les deux mères étaient placées à proximité l’une de l’autre, les petits s’accrochaient aux chiffons tout en tétant la mère métallique.
Harlow soupçonna que peut-être les bébés agissaient ainsi parce qu’ils avaient froid. Il plaça donc une ampoule électrique dans le corps de la mère faite de fils de métal, désormais rayonnante de chaleur. La plupart des bébés singes continuèrent à préférer la mère de chiffons. Des recherches ultérieures ont montré que les bébés singes orphelins de Harlow devenaient par la suite de vrais épaves émotionnelles, alors même que matériellement, ils n’avaient manqué de rien. Jamais ils ne se sont intégrés dans la société des singes. Ils ont eu des difficultés à communiquer avec leurs congénères, tout en souffrant de forts niveaux d’angoisse et d’agressivité.
La conclusion était incontournable : les singes doivent avoir des besoins et des désirs psychologiques qui vont bien au-delà des nécessités matérielles ; s’ils ne sont pas comblés, ils souffriront terriblement. Les bébés singes de Harlow préféraient passer du temps auprès de la mère stérile faite de chiffons parce qu’ils recherchaient un lien affectif, et pas seulement du lait. Dans les décennies qui ont suivi, de nombreuses études ont montré que cette conclusion ne vaut pas seulement pour les singes, mais aussi pour d’autres mammifères, pour les oiseaux et peut-être même pour certains reptiles et poissons. Ces découvertes ont révolutionné non seulement notre compréhension des animaux, mais aussi notre connaissance de nous-mêmes. Dans les années 1950, les enfants placés en orphelinat étaient éduqués selon un régime très sévère qui, s’il comblait leurs besoins matériels, négligeait totalement en revanche leurs besoins émotionnels. On dissuadait les enfants de jouer ou d’entretenir des liens trop étroits avec les autres enfants et les visiteurs, dans le but d’éviter l’indiscipline et la propagation de maladies infectieuses. Les résultats psychologiques de ce traitement ont été catastrophiques. Aujourd’hui nous savons que pour être heureux, les humains en général, et les enfants en particulier, ont besoin d’entretenir beaucoup de contact avec leurs semblables.
Et pourtant, sachant cela, nous soumettons toujours des milliards d’animaux domestiques au même traitement que celui qu’Harlow réservait aux bébés singes. Les fermiers séparent quotidiennement les veaux, les chevreaux, les agneaux et autres jeunes animaux de leurs mères et compagnons de jeu, pour les élever séparément. Le fonctionnement de l’industrie laitière en particulier repose sur la séparation des mères et de leurs petits. Les vaches, les chèvres, et les brebis ne donnent du lait qu’après avoir donné naissance à des veaux, des chevreaux, des agneaux, jusqu’à ce qu’ils soient capables de se nourrir seuls. Pour assurer un approvisionnement en lait à ses clients, un fermier a besoin que ses vaches aient des petits, mais il doit ensuite s’assurer que les veaux ne monopoliseront pas le lait. Dans les laiteries industrielles, une vache laitière vit en moyenne cinq ans avant d’être conduite à l’abattoir. Durant ces cinq années, elle est presque toujours enceinte, et elle est fécondée dans les 60 à 120 jours qui suivent une naissance, pour assurer une production de lait maximale. Ses veaux sont séparés d’elle peu après leur naissance. Les jeunes femelles sont élevées pour en faire la génération suivante de vaches laitières et passent leur enfance isolées dans de petites cages, pour limiter les risques d’infections. Les mâles sont confiés aux soins de la filière-viande.
Alors oui, l’agriculture industrielle veille à satisfaire les besoins matériels des animaux. Toutefois elle n’a aucun véritable intérêt à répondre à leurs besoins émotionnels et sociaux. Résultat : une profonde souffrance, à une échelle encore jamais vue. On peut débattre du fait qu’il s’agisse du plus grand crime jamais commis par l’humanité ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une chose devant laquelle nous ne pouvons pas rester insensibles.
3 ) Qui a domestiqué qui ?
Les savants proclamaient jadis que la Révolution agricole fut un grand bond en avant pour l’humanité. Ils racontaient une histoire du progrès alimentée par l’énergie du cerveau humain. L’évolution produisait peu à peu des êtres de plus en plus intelligents. Les hommes finirent par être si malins qu’ils purent déchiffrer les secrets de la nature, lesquels leur permirent d’apprivoiser les moutons et de cultiver le blé. Dès lors, ils se firent une joie d’abandonner la vie éreintante, dangereuse et souvent spartiate des chasseurs-cueilleurs, pour se fixer et goûter la vie plaisante de fermiers repus.
Tout cela n’est que pure fantaisie. Rien ne prouve que les hommes soient devenus plus intelligents au fil du temps. Les fourrageurs connaissaient les secrets de la nature bien avant la Révolution agricole, puisque leur survie dépendait d’une connaissance intime des animaux qu’ils chassaient ou des plantes qu’ils cueillaient. Loin d’annoncer une ère nouvelle de vie facile, la Révolution agricole rendit généralement la vie des cultivateurs plus difficile, moins satisfaisante que celle des fourrageurs. Les chasseurs-cueilleurs occupaient leur temps de manières plus stimulantes et variées et se trouvaient moins exposés à la famine et aux maladies. Certes la Révolution agricole augmenta la somme totale de vivres à la disposition de l’humanité, mais la nourriture supplémentaire ne se traduisit ni en meilleure alimentation ni en davantage de loisirs. Elle se solda plutôt par des explosions démographiques et des élites choyées. Le fermier moyen travaillait plus dur que le fourrageur moyen, mais se nourrissait moins bien. La Révolution agricole fut la plus grande escroquerie de l’histoire.
Qui en fut responsable ? Ni les rois, ni les prêtres ni les marchands. Les coupables furent une poignée d’espèces végétales, dont le blé, le riz et les pommes de terre. Ce sont ces plantes qui domestiquèrent l’Homo sapiens, plutôt que l’inverse.
Considérez un instant la Révolution agricole du point de vue du blé. Voici dix mille ans, le blé n’était qu’une herbe sauvage, parmi tant d’autres, cantonnée dans une petite partie du Moyen-Orient. À peine quelques petits millénaires plus tard, le voici qui poussait dans le monde entier. Suivant les critères évolutionnistes de base de la survie et de la reproduction, le blé est devenu l’une des plantes qui a le mieux réussi dans l’histoire de la Terre. Dans des régions comme les Grandes Plaines d’Amérique du Nord, où ne poussait pas une seule tige de blé voici dix mille ans, on peut parcourir des centaines et des centaines de kilomètres sans rencontrer aucune autre plante. Les emblavures couvrent autour de 2,25 millions de km2 à travers le monde, soit près de dix fois la superficie de la Grande-Bretagne. Comment, de plante insignifiante, cette herbe est-elle devenue omniprésente ?
Le blé y parvint en manipulant Homo sapiens à son avantage. Il y a près de 10 000 ans ce singe menait encore une vie assez confortable de chasse et de cueillette, mais c’est alors qu’il commença à investir toujours plus d’efforts dans la culture du blé. En l’espace de deux millénaires, les hommes de nombreuses parties du monde ne devaient plus faire grand-chose d’autre, du matin au soir, que prendre soin de leurs plants de blé.
Ce n’était pas facile. Le blé exigeait beaucoup d’eux. Il n’aimait pas les cailloux et les galets, obligeant les Sapiens à se casser le dos pour en débarrasser les champs. Le blé n’aimait pas partager la place, l’eau et les nutriments avec d’autres plantes, si bien qu’hommes et femmes passaient de longues journées à désherber sous un soleil de plomb. Le blé tombait malade, et les Sapiens devaient rester vigilants à l’égard des vers et de la nielle. Le blé était attaqué par les lapins et les essaims de sauterelles, obligeant les cultivateurs à dresser des clôtures et à monter la garde autour des champs. Le blé avait soif, et les hommes creusèrent des canaux d’irrigation ou transportèrent des seaux pour l’arroser. Sapiens recueillit même les excréments des animaux pour nourrir la terre où poussait le blé.
Le corps de l’Homo sapiens n’avait pas évolué à ces fins. Il était fait pour grimper aux pommiers ou courser les gazelles, non pour enlever les cailloux ou porter des seaux d’eau. Ce sont les genoux, la voûte plantaire, la colonne vertébrale et le cou qui en firent les frais. L’étude des anciens squelettes montre que la transition agricole provoqua pléthore de maux : glissement de disques, arthrite et hernies. De surcroît, les nouvelles tâches agricoles prenaient beaucoup de temps, obligeant les hommes à se fixer à côté des champs de blé. Leur mode de vie s’en trouva entièrement changé. C’est n’est pas nous qui avons domestiqué le blé, c’est lui qui nous a domestiqués. Le mot « domestiquer » vient du latin domus, « maison ». Or, qui loge dans une maison ? Pas le blé, le Sapiens.
Comment le blé a-t-il convaincu l’Homo sapiens d’abandonner une assez bonne vie pour une existence plus misérable ? Qu’a-t-il apporté en échange ?
Première partie – La révolution cognitive
1 Un animal insignifiant
Des squelettes dans le placard
Le coût de la pensée
Une race de cuisiniers
Gardiens de nos frères
2 L’arbre de la connaissance
La légende de Peugeot
Contourner le génome
Histoire et biologie
3 Une journée dans la vue d’Adam et Eve
Une société d'abondance originelle
Fantômes qui parlent
Guerre ou paix ?
Voile de silence
4 Le déluge
Coupable !
La fin du paresseux
Arche de Noé
Deuxième partie – La révolution agricole
5 La plus grande escroquerie de l’histoire
Le piège du luxe
Intervention divine
Victime de la révolution
6 Bâtir des pyramides
L'avènement du futur
Un ordre imaginaire
Vrais croyants
Les murs de la prison
7 Surcharge mémorielle
Signé, Kushim
Les merveilles de la bureaucratie
Le langage des chiffres
8 Il n'y a pas de justice dans l'histoire
Le cercle vicieux
Pureté en Amérique
Lui et elle
Sexe et genre
Qu'y a-t-il de si bien chez les hommes ?
Force musculaire
La lie de la société
Gènes patriarcaux
Troisième partie - L'unification de l'humanité
9 La flèche de l'histoire
Satellite espion
La vision globale
10 L'odeur de l'argent
Combien ?
Coquillages et cigarettes
Comment marche la monnaie
L'évangile de l'or
Le prix de la monnaie
11 Visions impériales
Qu'est-ce qu'un empire ?
Empire du mal ?
C'est pour votre bien
Quand eux deviennent nous
Braves types et sales types dans l'histoire
Le nouvel empire mondial
12 La loi de la religion
Réduire au silence les agneaux
Les bienfaits de l'idolâtrie
Dieu est Un
La bataille du Bien et du Mal
Loi naturelle
Le culte de l'homme
13 Le secret de la réussite
L'illusion rétrospective
Clio aveugle
Quatrième partie - La révolution scientifique
14 La découverte de l'ignorance
Ignoramus
Le dogme scientifique
Savoir, c'est pouvoir
L'idéal du progrès
le projet Gilgamesh
Le papa-gâteau de la science
15 Le mariage de la science et de l'empire
Pourquoi l'Europe
La mentalité de la conquête
Cartes vides
Invasion de l'espace extérieur
Araignées rares et écriture oubliées
16 Le credo capitaliste
Un gâteau croissant
Christophe Colomb à la recherche d'un investisseur
Au nom du capital
Le culte du marché
L'enfer capitaliste
17 Les rouages de l'industrie
Secret de cuisine
Un océan d'énergie
La vie sur le tapis roulant
L'âge du shopping
18 Une révolution permanente
Temps modernes
L'effondrement de la famille et de la communauté
Communautés imaginaires
Perpetuum mobile
La paix aujourd'hui
Retraire impériale
Pax atomica
19 Et ils vécurent heureux
Comptabiliser le bonheur
Bonheur chimique
Le sens de la vie
Connais-toi toi même
20 La fin d'Homo sapiens
Des souris et des hommes
Le retour de Néandertal
Vie bionique
Une autre vie
La singularité
La prophétie de Frankenstein
Epilogue - Un animal devenu dieu ?
Remerciements
Chronologie
Cartes
Tables des illustrations
Tables des matières
Éthologie.
Annexe 16 - Histoire de la Bretagne
1) Histoire de la Bretagne
- la technique de guerre des Bretons est de reculer face à une attaque frontale puis d'affronter de petits groupes et de les décimer.
- Si la Bretagne existe c'est parce que le groupe des Bretons ne cesse d'augmenter en nombre d'humains face à des Francs qui sont plus nombreux mais occupent un territoire plus vaste. Quand il y a affrontement entre les deux, les forces des Bretons sont supérieures.
- Les Normands commencent à attaquer les côtes de la France à partir de 795.
- Enchaînement des évènements
Il y a 3000 ans, il y a des Celtes puis après la conquête des Romains, des Celtes et des Gaulois. Les Bretons sont des Celtes en relation avec le sud de l'Angleterre mais ce ne sont pas des Gaulois qui se retrouvent tous sous l'autorité des Francs - Mérovingiens puis Carolingiens.
l'Empire Romain d'Occident s'affaiblit sous les coups des invasions et de son incapacité à continuer à croître en ressources de vie et en nombre d'humains.
Les Saxons s'emparent des Pays Bas du Nord, du Nord de l'Angleterre et du Nord de la Germanie.
Les Francs pénètrent en Gaule et se glissent entre les Bretons et les Saxons. Ils sont reconnus par les Byzantins.
Les Mérovingiens créent la Francie où les Bretons sont sur la défensive.
Les Carolingiens leur succèdent sur un territoire très vaste mais qu'ils ne maîtrisent pas puisqu'en 843, l'empire est divisé en trois royaumes. C'est l'occasion pour la Bretagne de devenir quasi indépendante tout en étant vassale du roi de Francie.
- la technique de guerre des Bretons est de reculer face à une attaque frontale puis d'affronter de petits groupes et de les décimer.
- Si la Bretagne existe c'est parce que le groupe des Bretons ne cesse d'augmenter en nombre d'humains face à des Francs qui sont plus nombreux mais occupent un territoire plus vaste. Quand il y a affrontement entre les deux, les forces des Bretons sont supérieures.
- Les Normands commencent à attaquer les côtes de la France à partir de 795.
- Enchaînement des évènements
Il y a 3000 ans, il y a des Celtes puis après la conquête des Romains, des Celtes et des Gaulois. Les Bretons sont des Celtes en relation avec le sud de l'Angleterre mais ce ne sont pas des Gaulois qui se retrouvent tous sous l'autorité des Francs - Mérovingiens puis Carolingiens.
l'Empire Romain d'Occident s'affaiblit sous les coups des invasions et de son incapacité à continuer à croître en ressources de vie et en nombre d'humains.
Les Saxons s'emparent des Pays Bas du Nord, du Nord de l'Angleterre et du Nord de la Germanie.
Les Francs pénètrent en Gaule et se glissent entre les Bretons et les Saxons. Ils sont reconnus par les Byzantins.
Les Mérovingiens créent la Francie où les Bretons sont sur la défensive.
Les Carolingiens leur succèdent sur un territoire très vaste mais qu'ils ne maîtrisent pas puisqu'en 843, l'empire est divisé en trois royaumes. C'est l'occasion pour la Bretagne de devenir quasi indépendante tout en étant vassale du roi de Francie.
Annexe 15 - Démographie médiévale
Démographie médiévale
La démographie médiévale est l'étude de la démographie humaine en Europe pendant le Moyen Âge.
Démographie
- 400 (?) - 1000 (56 M) : stable à un niveau bas
- 1000 (56 M) - 1250 (73 M) : poussée démographique et expansion
- 1250 - 1350 (71 M) : stable à un niveau très haut
- 1350 - 1420 (78 M) : déclin abrupt
- 1420 - 1470 (83 M) : stable à un niveau bas
- à partir de 1470 (91 M) : expansion lente qui s'accélère au début du XVIe siècle
Country/region | 1000 | 1100 | 1200 | 1250 | 1300 | 1350 | 1400 | 1450 | 1500 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Germany | 5.4 | 6.4 | 7.3 | 8 | 9.1 | 8.5 | 9.6 | 10.2 | 10.8 |
France | 9 | 11 | 13 | 15 | 17 | 15 | 14 | 14 | 15.5 |
England and Wales | 1.6 | 1.8 | 2.3 | 2.6 | 3 | 2.4 | 3 | 3.3 | 3.6 |
Scotland | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.4 | 0.4 | 0.3 | 0.4 | 0.5 | 0.6 |
Ireland | 0.6 | 0.6 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.8 |
Italy | 7 | 7.5 | 8 | 9 | 10 | 8 | 10 | 10.5 | 11 |
Spain and Portugal | 9 | 8 | 7 | 6.5 | 6 | 5 | 6 | 7 | 8.5 |
Austria-Hungary[a] | 5.4 | 6.2 | 7.2 | 8 | 9 | 8 | 9 | 10 | 11.5 |
The Balkans[b] | 7 | 7.5 | 8 | 8 | 8 | 7 | 8 | 8 | 8 |
Danmark | 0.5 | 0.5 | 0.6 | 0.6 | 0.7 | 0.6 | 0.6 | 0.6 | 0.6 |
Sweden | 0.4 | 0.4 | 0.4 | 0.5 | 0.5 | 0.4 | 0.5 | 0.6 | 0.65 |
Norway | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.3 |
Switzerland | 0.4 | 0.4 | 0.5 | 0.6 | 0.7 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.75 |
Belgium | 0.6 | 0.7 | 0.9 | 1 | 1.2 | 1 | 1.2 | 1.3 | 1.5 |
Netherlands | 0.5 | 0.6 | 0.7 | 0.8 | 0.9 | 0.8 | 0.9 | 1.1 | 1.3 |
North-Eastern Europe[c] | 8.5 | 10 | 11 | 11 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15.1 |
Others[d] | <0.1 | <0.1 | <0.1 | <0.1 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 |
Total | 56.4 | 62.1 | 68 | 72.9 | 78.7 | 70.7 | 78.1 | 83 | 90.7 |
De l'an 400 à l'an 1000 (56 M)
Il y eut un fort déclin de la population européenne à la fin de l'Antiquité ; son plus bas niveau fut atteint en 542 lors de l'arrivée de la peste. Les estimations de la population totale de l'Europe à l'époque de Charlemagne sont floues, mais elle est évaluée entre 25 et 30 millions, dont 15 millions en France carolingienne. Les établissements médiévaux étaient populeux, avec de grandes régions sauvages et inhabitées de l'une à l'autre.De l'an 1000 à l'an 1250 (73M)
Les Européens commencèrent à avancer dans l'étendue sauvage de ce qui est aujourd'hui appelé la zone des grands défrichements. Les forêts et les marais furent rendus cultivables puis cultivés dans le Haut Moyen Âge. En même temps, des établissements commencèrent à être fondés loin des contrées traditionnelles de l'Empire carolingien, s'établissant au-delà de l'Elbe, triplant ainsi la taille de l'Allemagne. Les Croisés allèrent aux États latins d'Orient, l'Espagne fut reconquise sur les Maures, et les Normands colonisèrent le sud de l'Italie. Tous ces mouvements et conquêtes font partie d'une expansion et d'une réimplantation de la population européenne.Ces expansions et colonisations sont dues à plusieurs facteurs : la fin des raids vikings et magyars, encourageant une plus grande stabilité politique, le développement de la technologie médiévale, permettant l'expansion de l'agriculture, des réformes de l'église au XIe siècle, augmentant la stabilité sociale, et la montée de la féodalité, qui encouragea elle aussi la stabilité sociale, et donc la mobilité. Les nobles encouragèrent la colonisation de nouvelles terres. Les liens du serf à la terre commencèrent à faiblir lorsque surgit l'économie à base d'un moyen de paiement par monnaie et non du seul troc. Il y avait beaucoup de terres, mais peu de gens pour la cultiver. Donc les nobles trouvèrent de nouvelles manières d'attirer et garder leur main-d'œuvre. Des centres urbains commencèrent à se développer, attirant les serfs avec la promesse d'une vie libre. La population augmenta donc au fur et à mesure des expansions dans les nouvelles terres.
De l'an 1250 à l'an 1350 (71M)
En 1300, l'Europe était, selon certains avis, surpeuplée. L'Angleterre, qui avait environ un million d'habitants en 1086, en avait de 5 à 7 millions. La France de 1328 était géographiquement plus petite qu'aujourd'hui mais avait déjà entre 18 à 20 millions d'habitants, niveau qui ne sera dépassé qu'au début de l'Époque moderne. La Toscane comptait 2 millions d'habitants en 1300, niveau qui ne sera atteint à nouveau qu'en 1850. En général, la population de l'Europe comptait entre 70 à 100 millions d'âmes2. À titre de comparaison, les 28 États membres de l'Union européenne avaient en 2014 une population totale de 507 millions d'habitants3. Le gain de la récolte au XIVe siècle représentait seulement entre 2 grains pour 1 et 7 grains pour 14: tandis qu'aujourd'hui elle s'est élevée à 300 pour 1, voire plus, alors que la population de l'Europe n'a que quadruplé.De l'an 1350 à l'an 1500 (91 M)
Un déclin démographique important
Au début du XIVe siècle, les frontières cessèrent de s'élargir et la colonisation interne diminua. Mais les niveaux de population se maintinrent à des niveaux très hauts. Plusieurs catastrophes vinrent décimer des millions d'Européens, de la Grande famine de 1315-1317 à la peste noire en passant par la Guerre de Cent Ans. En Saintonge, à la fin de la Guerre de Cent Ans les moulins sont détruits, les terres en friche et les propriétaires sont à la recherche de bras afin de pouvoir remettre en culture. En 1356 la disette entraine une jacquerie particulièrement importante5.La période s'étendant entre 1348 et 1420 vit les plus grandes pertes : en Allemagne, environ 40 % des habitants disparurent, la Provence perdit 50 %, et certaines régions de la Toscane perdirent jusqu'à 70 % de leur population.
La science et l'art de la démographie médiévale
L'étude de la démographie médiévale est assez récente, mais a déjà attiré beaucoup d'attention, en particulier sur les problèmes de la société médiévale. La plupart des ouvrages sur l'histoire du Moyen Âge possède au moins un chapitre ou une section sur la démographie d'une ville, d'une région ou d'un royaume en particulier. Parce que les sources normalement utilisées pour l'étude démographique - par exemple, des certificats de mariage, de naissance ou de décès - ne sont généralement pas disponibles, les chercheurs misent sur d'autres sources, qui peuvent être divisées en deux catégories : données archéologiques et œuvres de l'époque.Les données archéologiques peuvent être, par exemple, la taille d'un établissement donné et sa croissance ou son abandon : les données archéologiques montrent que jusqu'à 25 % des villages d'Espagne furent abandonnés à la suite du passage de la peste noire. Par contre, des problèmes limitent l'utilisation des données archéologiques. Il est souvent difficile de dater les découvertes, et certains sites très grands sont encore habités et ne peuvent pas faire l'objet de fouilles, limitant les recherches archéologiques à leur périphérie (un exemple concret est Sutton Hoo, en Angleterre).
La plupart des informations sur la démographie médiévale reposent donc sur les œuvres et les documents de l'époque: soit des descriptions, soit des documents administratifs.
Les descriptions nous proviennent de chroniqueurs qui parlaient de la taille des armées, des victimes des guerres ou des famines, ou des participants à un évènement. Beaucoup de ces documents sont malheureusement des embellissements ou des exagérations, et ne peuvent servir de preuves formelles.
Les pièces les plus importantes restent donc les documents administratifs, plus objectifs et précis, leur rédaction ne servant pas l'influence sur d'autres écrits : ainsi les enquêtes et les actes.
Les enquêtes décrivent un domaine ou une région à une date spécifique, en forme d'inventaire. Les enquêtes de seigneurie, en particulier, furent répandues en Angleterre et en France, mais diminuèrent lors du déclin de la féodalité. Les enquêtes fiscales survinrent lors du début de l'économie à base de monnaie ; la plus connue et la plus ancienne est le Domesday Book de 1086. Le Livre des Foyers de l'Italie en 1244 en est un autre exemple. La plus grande enquête fiscale eut lieu en France en 1328. Ces enquêtes augmentèrent en nombre et en envergure lorsque les rois cherchèrent à augmenter leurs revenus. Les enquêtes avaient toutefois des limites car elles concernaient une période de temps en particulier, ne perduraient pas et excluaient certains éléments constitutifs de la société.
Les actes se retrouvent sous plusieurs formes. Il peut s'agir de transferts de propriétés (ventes, échanges, dons, locations), dont les plus vieux datent du VIIIe siècle, ou de documents enregistrant les naissances, baptêmes, décès, ou des documents des tribunaux et des hoiries6, ou encore le constat des prix de la nourriture et des loyers, tous éléments qui permettent de nombreux recoupements.
Annexes
Notes
- ↑ Robert Bartlett, The Making of Europe, ISBN 0-691-03780-9
- ↑ Chiffre calculé avec les statistiques de Herlihy et Russell (voir bibliographie), compilés par Carlo M. Cipolla, ed., The Fontana Economic History of Europe, Vol. I: The Middle Ages, (Glasgow : Collins/Fontana, 1972), pages 25-71
- ↑ Eurostat [archive]
- ↑ 2 pour 1 veut dire que pour chaque grain semé, 2 furent récoltés.
- ↑ BraudelL'identité de la France ISBN 2-08-081222-X
- ↑ héritage forcé des pauvres biens du serf à son seigneur (son cheval, ses vêtements)
Bibliographie
- (en) Peter Biller ; The Measure of Multitude: Population in Medieval Thought, 2001, ISBN 0-19-820632-1
- (en) David Herlihy ; "Demography", Dictionary of the Middle Ages, vol.4, 1989 ISBN 0-684-17024-8
- (en) Thomas Hollingsworth ; Historical Demography, 1969, ISBN 0-8014-0497-5
- (en) Josiah Russell ; Medieval Demography: Essays ; Ams Studies in the Middle Ages, nº12, 1987, ISBN 0-404-61442-6
Voir aussi
Liens internes
Country/region | 1000 | 1100 | 1200 | 1250 | 1300 | 1350 | 1400 | 1450 | 1500 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Germany | 5.4 | 6.4 | 7.3 | 8 | 9.1 | 8.5 | 9.6 | 10.2 | 10.8 |
France | 9 | 11 | 13 | 15 | 17 | 15 | 14 | 14 | 15.5 |
England and Wales | 1.6 | 1.8 | 2.3 | 2.6 | 3 | 2.4 | 3 | 3.3 | 3.6 |
Scotland | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.4 | 0.4 | 0.3 | 0.4 | 0.5 | 0.6 |
Ireland | 0.6 | 0.6 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.8 |
Italy | 7 | 7.5 | 8 | 9 | 10 | 8 | 10 | 10.5 | 11 |
Spain and Portugal | 9 | 8 | 7 | 6.5 | 6 | 5 | 6 | 7 | 8.5 |
Austria-Hungary[a] | 5.4 | 6.2 | 7.2 | 8 | 9 | 8 | 9 | 10 | 11.5 |
The Balkans[b] | 7 | 7.5 | 8 | 8 | 8 | 7 | 8 | 8 | 8 |
Danmark | 0.5 | 0.5 | 0.6 | 0.6 | 0.7 | 0.6 | 0.6 | 0.6 | 0.6 |
Sweden | 0.4 | 0.4 | 0.4 | 0.5 | 0.5 | 0.4 | 0.5 | 0.6 | 0.65 |
Norway | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.3 | 0.3 |
Switzerland | 0.4 | 0.4 | 0.5 | 0.6 | 0.7 | 0.6 | 0.7 | 0.7 | 0.75 |
Belgium | 0.6 | 0.7 | 0.9 | 1 | 1.2 | 1 | 1.2 | 1.3 | 1.5 |
Netherlands | 0.5 | 0.6 | 0.7 | 0.8 | 0.9 | 0.8 | 0.9 | 1.1 | 1.3 |
North-Eastern Europe[c] | 8.5 | 10 | 11 | 11 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15.1 |
Others[d] | <0.1 | <0.1 | <0.1 | <0.1 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 | 0.2 |
Total | 56.4 | 62.1 | 68 | 72.9 | 78.7 | 70.7 | 78.1 | 83 | 90.7 |
Notes: |
|
Technologie médiévale
L'expression technologie
médiévale désigne l'ensemble des techniques utilisées en Europe pendant le Moyen Âge.
Le Moyen Âge connut de
nombreux
- progrès techniques
l'Europe connut une accélération spectaculaire
- des inventions,
- des innovations concernant les
moyens de production
La croissance économique.
- la poudre
à canon
Importantes avancées technologiques
- l'astrolabe: Mesure des hauteurs des astres et Calcul de l'heure. Un des principaux instruments de navigation depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIe siècle.
- Les lunettes
Améliorations importantes:
- des moulins à eau,
Roue à aubes
Roue à augets
Turbine
Moulin
Moulin à vent
Moulin à marée
Moulin flottant
Moulin à rodet
Noria
Déversoir
Amoulageur
Foulon
Droit et gestion des cours d'eau en France
Meule à grains
moudre des céréales
extraire l'huile des oléagineux : noix, colza, etc
dans l'industrie forestière: les scieries
pour le textile : foulons, métiers à tisser
pour le travail des métaux : meules, forges,
marteau-pilon
pour le tournage sur bois, métaux, os et corne...
pour actionner des pompes.
moulin à papier : du XIIIe au XVIIIe siècle,
l'énergie du moteur servait à défibrer les chiffons détrempés en pâte à papier
en actionnant une pile à maillets, ensemble de pilons munis de pointes. Au XIXe siècle,
elle actionne en outre la machine à papier en continu. Mais le terme moulin est
alors abandonné au profit du terme papeterie.
Les usages se diversifient, de la meunerie à la scierie de bois ou de pierre
À la fin du XIe siècle, chaque village d'Europe avait son ou ses moulins.
Les moulins étaient aussi largement utilisés dans les mines
pour remonter le minerai des puits de mine,
pour en extraire les métaux, et même
pour actionner les soufflets.
Les usages se diversifient, de la meunerie à la scierie de bois ou de pierre
À la fin du XIe siècle, chaque village d'Europe avait son ou ses moulins.
Les moulins étaient aussi largement utilisés dans les mines
pour remonter le minerai des puits de mine,
pour en extraire les métaux, et même
pour actionner les soufflets.
Le bois d’œuvre
Fibres végétales
Mortiers antiques
La pierre à bâtir
Les
engins
Les architectes et les appareilleurs
Les ouvriers
Les bénévoles
Les Corporations
Le Compagnonnage s'affirme face aux corporations
- L'agriculture
la charruel'assolement la mise en valeur des forêts
les défrichements,
les essarts,
les brûlis
- des horloges
- Les cadrans
solaires et autres dispositifs astronomiques
Horloges à
eau
Chandelles
et sabliers
Cloches
Horloges
mécaniques anciennes
L'échappement
- mines de fer ou de non ferreux.
le minerai de fer est disponible dans de petits gisements à la surface du sol ou à faible profondeur. Les hommes du Moyen Âge ont surtout exploité les gîtes de ce type qui n'exigeaient pas d'équipements sophistiqués.
Dans la majorité des cas, les métaux non-ferreux proviennent de mines ouvertes pour produire l'argent presque à partir de minerais complexes tels que des sulfures de cuivre et de plomb.
- dessin technique et planches anatomiques
- La presse à imprimer
- des bateaux.
Boussole
Astrolabe
Gouvernail
Compas
Améliorations dans la fabrication des navires
Technologies civiles
Technologie
|
Circa
|
Remarques
|
ca
1170
|
||
Du Ve siècle au VIIIe siècle
|
||
Du VIe siècle au IXe siècle
|
||
1282
|
||
ca
1180
|
||
ca
1220
|
||
1150-1350
|
||
Du XIIIe siècle au XIVe siècle
|
||
.
|
||
ca
1280
|
||
ca
1100
|
||
834
|
||
1180
|
||
ca
1180
|
||
VIIIe-XIIe siècle (dans l'islam et en
Occident)
|
||
ca
1410
|
||
ca 1176
|
||
1345
|
||
1453
|
||
ca
1100
|
||
1126
|
||
1377
|
||
1338
|
||
Technologies militaires
Technologie
|
Circa
|
Remarques
|
Arbalète à arc en acier
|
Fin du
XIVe siècle
|
|
Fin du
XIVe siècle
|
||
1324
|
||
Poudre noire en grains
|
Fin XIVe siècle
|
|
Selle arquée
|
1050
|
|
Tactique
multiarmes
|
1333
|
|
Trébuchet
à contrepoids
|
Science and art of medieval demography
Early Modern Demography in Europe
Karl Julius Beloch estimated the population of early modern Europe, circa 1600, as follows:[1]- Italy, 13,000,000
- Spain and Portugal, 10,000,000
- France, 16,000,000, in its boundaries in 1600[2]
- England and Wales, 4,500,000
- Scotland and Ireland, 2,000,000
- Netherlands, 3,000,000, including the Spanish Netherlands in 1600[3]
- Denmark, 600,000
- Sweden, Norway, and Finland: 1,400,000
- Poland with Prussia: 3,000,000
- Germany: 20,000,000, probably including most or all of the territory of the Holy Roman Empire outside Italy.[4]
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